→ Au fait Vicious, je ne sais pas si tu es au courant, mais tu as une emprise sur moi irréfutable. Ou bien, eh, Vicious ! Je crois que, comme à chaque fois qu'un homme me porte un petit peu d'intérêt, je suis en train de tomber amoureuse de toi. Ou alors Vicious ? Je t'aime. Plus Mirilla s'imaginait entrain de lui avouer ce qu'elle était en train de réaliser, plus elle trouvait cela absurde. Ce n'était parce que quelqu'un de merveilleusement beau était en train de se rapprochait d'elle qu'elle avait des chances de devenir quelque chose de plus fort qu'une amie. Pendant un cours instant, un minuscule silence s'installa entre eux, le temps qu'il prenne un air faussement triste et tragique, et elle vit plusieurs des moment qu'ils avaient pu passer tous les deux défiler dans sa tête. Elle se remémora la soirée de son anniversaire, celle où ils s'étaient rencontrés, où ils avaient tant parlé, où ils ne s'étaient pas lâché... Jusqu'à ce violent trou noir, qui la hantait depuis, qui ne la quittait plus, à l'origine de tout ce chamboulement.

Elle rit à sa voix qui sonnait si fausse. « Comment oses-tu te ficher de moi alors que n'a pas idée de ce que ça peut faire de se faire aplatir la vessie par deux choses qui sont à peine considérées comme humaine. » C'était vrai, quoi ! Malgré que son sommeil soit de moins en moins agité par les rêves et les cauchemars qu'elle faisait depuis cinq mois, elle devait sans cesse se lever, que ce soit pour aller au toilettes, pour se mettre du Synthol dans le dos ou s'enfiler un paquet de chips paprika. C'était d'ailleurs cette nourriture qui occupait leur conversation, alors qu'il venait de commander tout ce que le restaurant pouvait leur servir. « Comment tu le sais ? Je vais devoir partager du coup. » "Mirilla, ne mange jamais ta propre nourriture dans un restaurant. C'est comme entrer dans un Chanel avec un sac Dior à la main." Sa mère le lui avait tellement ressassé qu'elle était certaine de pouvoir le faire là, maintenant, avec l'intonation qu'elle avait utilisé à chaque fois. Mais ce soir, elle n'avait que faire des recommandations de sa mère. En réalité, elle n'avait rien à faire de tout ce qui ne se passait pas dans la salle du restaurant. Cependant, elle ne sortirait pas son trésor de son sac avant qu'il ne lui ait garanti qu'il mourrait d'envie de s'empiffrer avec des chips paprika. Elle n'allait pas gaspiller son butin alors qu'il n'était atteint que de gourmandise.

Ce fut leur dernière plaisanterie. Avant longtemps, mais ça aucun d'eux ne le savaient encore. Le sourire de Vicious disparut de son si beau visage, tout comme celui de Mirilla, en véritable éponge qu'elle était. Il se leva, semblant inquiet, soucieux, anxieux. La dernière fois qu'il lui avait dit "Je ne sais pas comment te dire ça", il lui avait annoncé qu'elle allait devenir maman. Il avait pris cet air grave qu'il arborait à cet instant même. Il parla, vite, trop vite pour qu'elle ne comprenne autre chose que fin de soirée, partir en courant, dans ton état, vomir et pas facile. Il fit une pause, qu'il occupa en se passant une main dans les cheveux et en posant devant elle une petit boîte, presque noire, carrée, l'air chic. Sainte Marie mère de Dieu. Elle ne sut que faire quand il eut fini, à part peut-être ouvrir et refermer sa bouche dans un lenteur incroyable.

C'était lui. C'était lui le responsable de la situation dans laquelle elle croyait s'être mise toute seule. Ce qui était complètement absurde en soi, étant donné que personne n'a encore réussi à faire des enfants tout seul. Mais comment avait-elle pour ne rien soupçonner de tout cela ? Comme il l'avait si bien dit, ils ne s'étaient pas quitté d'une semelle, ce soir là. Quelques images lui revinrent en tête. Elle le vit la rattraper alors qu'elle titubait comme pas possible, l'aider à vider sa maison, la prendre des ses bras, la porter jusque dans sa chambre, la poser sur son lit, l'embrasser sur le front, puis sur les lèvres... Elle se vit entourer ses bras autour de son cou alors qu'ils montaient les escaliers, le diriger vers sa chambre, l'attirer contre lui sans le vouloir, lui rendre ses baiser... Elle ne trouva rien d'autre à dire que « Merde. » Elle qui faisait des phrases longues de trois kilomètres, qui manipulait les mots aussi bien qu'un scientifique manipulait ses produits et ses outils.

Elle ne dit rien d'autre, et décida de lui tourner le dos pour ouvrir la boîte qui trônait là, sans se rendre compte de tout ce qu'elle allait créer. Normal, étant donné que c'était un objet. Les larmes ne vinrent que lorsque ses yeux se posèrent sur la petite pierre, non-identifiable dans l'instant d'émotion qu'elle traversait, qui ornait l'anneau, qui brillait sous la lumière des lustres chics. Elle pinça les lèvres, pour ne pas fondre en larmes devant lui comme elle l'avait déjà lamentablement fait. Elle ne voulait pas que, comme la dernière fois, il la prenne dans ses bras pour la réconforter. Elle ne voulait plus qu'il la touche. Pas pour l'instant. Elle sortit le bijou de son écrin, et le retourna dans tous les sens pour s'assurer qu'il était bien réel, qu'elle ne rêvait pas. Sa mère, joaillière, n'aurait pu s'empêcher de souligner qu'elle valait cher. Elle était certaine que ce n'était pas un bijou de pacotille. Elle se retourna sur sa chaise et, rassemblant tout son courage et son cran pour répliquer, se voulant la plus piquante possible, ouvrit enfin la bouche. « Et dire que les français ont la réputation d'être romantique. »