Le vent soufflait par la fenêtre entrouverte, il soulevait les fins rideaux blancs qui l’encadraient, faisant ainsi pénétrer l’air frais dans la grande pièce. Au milieu de la piece, Athenodora était assise sur un grand canapé de velours, un livre à la main. Caïus avait quitté leurs appartements depuis déjà deux heures. Elle avait terminé de s’apprêter mais elle avait choisi de lire un peu dans ses appartements avant de se rendre dans le salon afin de retrouver sa chère amie Sulpicia. La belle grecque s’était plongée dans la lecture d’un roman dramatique, de ceux qu’elle préférait le plus. La tristesse était à ces yeux l’un des sentiments les plus nobles après l’amour. Le tristesse elle-même n’était souvent causée que par l’impossibilité de l’amour. Athenodora aimait à ressentir ces émotions intenses que sa vie monotone ne lui permettait hélas pas d’éprouver. Elle n’eut voulu se passer de son mari pour rien au monde mais elle eut apprécié connaître des émotions grandioses qui puissent la faire se sentir vivante, la posséder de tout son être. Des sensations pareilles, elle ne pouvait plus s’en procurer que dans cette chambre, en compagnie de son époux. Hélas, les rebondissements se faisaient rares dans son existence.

Athenodora parcourait avec avidité les pages de l’ouvrage qu’elle tenait de ses doigts fins. La genèse ne la bouleversait que de manière minime. Elle eut espéré être capable de verser une larme mais aucune goutte salée n’avait parcouru sa peau depuis plus de trois mille ans. Depuis qu’elle était devenue immortelle. Cette incapacité était une grande source de frustration mais la blonde reine se décidait souvent à mettre un sourire sur son visage et à considérer cela comme une force.

La femme de Caïus était encore plongée dans son roman lorsque des coups de firent entendre à la porte de ses appartements. Il ne fallu que quelques secondes à cette première pour détecter une essence humaine, se rendre à la porte et l’ouvrir avec grâce. Devant elle se trouvait une humaine travaillant au service de la famille royale. Quelle imprudence d’envoyer sans cesse des mortelles dans les appartements individuels de vampires, pensa Athenodora. Mais elle savait pertinemment bien que personne ne se souciait de leur existence. « Monsieur Shannon Bartholomew se fait annoncer », prononça la jeune femme avec un calme qui étonna la belle reine. Mais elle se rappela que cette demoiselle les servait depuis déjà quelques mois. Un miracle certain. « Dois-je l’inviter à monter ou lui demander d’attendre dans le salon ? », demanda la jolie humaine. Athenodora ne savait trop que répondre. Lorsqu’elle invitait son ami dans ses appartements, Caïus n’appréciait que très peu, bien qu’il avait été amené à apprécier leur amitié qui bénéficiait à sa femme ainsi qu’à lui-même. Mais si elle le rejoignait dans le salon, ils risqueraient d’être rejoint par Sulpicia ou d’être interrompus à tout moment.

« Invitez-le à monter, je vous prie », ordonna la belle millénaire à son interlocutrice. Elle n’avait pu résister. Après tout, sa chambre possédait son propre salon qu’elle et Caïus n’employaient jamais à deux. Celui-ci devait bien trouver son utilité. Dès que la jeune femme fût sortie de la chambre, Athenodora s’assura que tout était propre à souhait avant de vérifier sa tenue dans le miroir. Elle était vêtue d’une longue robe pourpre à col bateau et aux manches longues. Elle avait l’air divine mais également sanguinaire et froide. Elle possédait bien des tenues plus douces qui flattaient son caractère d’habitude enthousiaste. Fort heureusement, elle avait lâché sa chevelure ondulée ce qui lui donnait un air plus romantique, moins austère.

Elle entendit son ami se diriger vers ses appartements tandis qu’elle l’attendait dans le ‘petit’ salon. Alors qu’il arrivait dans l’entrebâillement de la porte, elle se retourna et ne pu s’empêcher de le gratifier d’un sourire éclatant et sincère. Un sourire qui n’était pas prévu et qu’elle ne pouvait retenir. « Shannon », murmura-t-elle de manière suffisamment audible pour qu’il puisse l’entendre. Le souffle dans sa voix trahissait son bonheur. « Il était temps que tu passes cette porte, jeune homme ! Cela fait trop longtemps que tu n’es pas venu me voir, j’ai pensé que tu avais oublié notre amitié. », lui dit-elle d’un air taquin. Bien sûr, elle ne lui en voulait pas une seconde. Elle savait qu’il était souvent occupé et qu’il faisait de la place dans son emploi du temps pour venir la visiter. Au plus d’espace il mettait entre leurs rencontres, au plus elle s’attendait à apprécier cette dernière au vu de ce qu’il viendrait lui rapporter. « Viens, assis-toi donc et dis-moi tout », lui lança-t-elle sans que son sourire enfantin n’ait quitté son visage une seconde.