La Louisiane, c’est sympa. De jolis paysages, de la culture et de l’Histoire. Le rendez-vous idéal des historiens et sociologues, n’est ce pas ? Mais tout le monde sait que vivre dans un haut lieu historique, c’est chiant. Quelle idée aussi d’aller habiter en Nouvelle-Orléans qu’ont eut mes « parents » franchement ! J’aurais préférer habiter dans le Nord, voir même en Alaska. Ils m’auraient au moins fiche la paix. Ils m’auraient laissé vivre ma propre vie au moins. Eux non, ils se sentaient obligés de me convertir au protestantisme, d’aller à l’église, d’être une enfant modèle, de faire des couettes ou pire, des tresses, d’être polie, respecter les vieux, avoir de bonnes notes à l’école, avoir des amis, avoir un avenir tout tracé…Sauf que non, ils n’ont pas eu de chance, en me choisissant à l’orphelinat, ils ont fait une drôle d’erreur. Non, je n’étais pas une enfant vierge de tout passé, non je n’étais pas une enfant qu’il suffirait de modeler pour en faire une fillette parfaite. Non tout cela était impossible avec moi. Ils l’ont compris que bien plus tard. De l’enfant modèle j’étais devenue infernale, fini les couettes, fini les prières, fini les bonnes notes, fini la WASP. Tout ça a fini le jour ou mes charmantes ciseaux de classe étaient venue se glisser dans mes couettes. Un acte irréfléchi, de rage et pourtant, c’était tellement bon ! Et ce fut la porte ouverte au reste…Mais enfin j’étais devenue moi même, Akhésa X. Tout ce discours doit bien surprendre mais aussi donner envie de fuir, mais rassurez-vous, aussi déstructurée que je suis, aujourd’hui, j’ai l’air tout à fait équilibrée, même sympathique parfois ! Pas toujours j’avoue…Avec Claire par exemple, l’étriper me plairait bien. Mais à part avec elle, je suis tout à fait adorable. Dans l’intimité évidemment. Adorable, compréhensive et à l’écoute, une amie idéale. Déjantée et sans limite en dehors, de quoi éveiller les sens de chacun d’entre vous. Une personnalité complexe mais plaisante qui vous donnera l’illusion de me connaître, l’illusion de savoir qui est Akhésa Sheridan. Et pour tout vous dire, je suis actuellement bien loin d’être l’enfant de cœur que j’ai pu être sous le joug des Sheridan.

Porter un masque n’est pourtant pas aussi simple qu’il n’y paraît, beaucoup de filles ici y arrivent très bien, je suis moins douée. Peut-être parce que j’essaie de paraître normale ? Possible. Mais pour mieux le porter, il me faut des moment à moi. Pas des moments pour Miss Sheridan, non, des moments ou je peux apparaître comme celle que je suis réellement. Akhésa. Abandonnée sous X. Déstructurée, Désordonnée, Perturbée, Désintéressée. Destructrice. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, vivre avec un tel chaos intérieur n’est pas franchement compliqué. Au contraire. Tout serait plus simple. Mais les gens ne me comprendraient pas. Je ne veux pas qu’ils me jugent, qu’ils m’enferment chez les fous. J’aime la vie. Je veux vivre. Et à Westown, on vit. On renaît. J’aime Westown. J’aime les gens qui me dévisagent dans la rue, j’aime quand une greluche me fait tomber de la glace sur mon T-shirt, j’aime quand des kékés me draguent. J’aime quand un chien inconnu vient me faire la fête si je me trouve sur son chemin. J’aime la vie.

Le soleil tombait peu à peu sur Westown, il faisait toujours aussi bon, une légère brise venait agiter mes cheveux et le soleil caresser ma peau. C’était vraiment agréable. Je me sentais libre, libre de rire, libre de penser, de parler, de chanter ou même de crier si j’en avais envie. C’était bon d’être seule. Par chance, la plage n’était pas trop occupée. Beaucoup d’étudiants faisaient la fête en ce samedi soir. Je n’en avais pas envie moi, pas aujourd’hui. Je voulais juste profiter…et marcher dans l’eau, le pantalon remonté…J’ai bien dit marcher non ? Qu’un chien vienne me sauter dessus pile poil à ce moment là n’était pas prévu…Encore moins que je me vautre dans l’eau. Me voilà assise dans l’eau et les algues, complètement trempée, avec un chien me léchant le visage…Sous la surprise, je me suis mise à rire, amusée par le spectacle, essayant de le repousser pour voir à qui il appartenait. Devinez quoi…Ni collier, ni maître chien…Youpi. Et des passants qui me regardent avec un sourire moqueur. M’enfiche, je ris.

OK by Gaby-chou