Luna Cohen retint un soupir. Assise sur le lit de sa fille, elle contemplait cette dernière dormir paisiblement. Quatre ans. Quatre ans s’étaient écoulés sans qu’elle puisse réfléchir à tout ce qu’il s’était passé en si peu de temps. La grossesse, l’accouchement, l’aménagement de la chambre de Solveig, l’obtention du diplôme de Connor… Quand elle y pensait, parfois, tard dans la nuit lorsque Connor dormait profondément et qu’elle tendait l’oreille, guettant la respiration tranquille de leur fille à travers le baby phone, Luna se rendait compte que cette nouvelle vie la rendait heureuse. Définitivement heureuse.

Evidement, ça n’avait pas été tout les jours faciles. Il y avait eut des disputes, des malentendus, sans oublier Solveig qui grandissait, grandissait et qui développait un caractère aussi fort que celui de ses deux parents réunis. Les jours, les saisons et les mois avaient passés sans qu’elle puisse cocher les jours dans le calendrier. Et pourtant, la preuve vivante, le souvenir indélébile de ces années passées étaient devant ses yeux. Solveig. Evidement elle était blonde, aux yeux bleus, ou vert, c’était le grand débat du repas du soir. Luna aimait ces moments où ils pouvaient rire pendant 20 bonnes minutes. Elle aimait aussi regarder Connor apprendre les bonnes manières à Solveig, et elle aimait aussi se souvenir de la première fois qu’elle avait dit Papa. Bref, tous ces moments niais dont les mamans pouvaient parler pendant des heures, Luna comprenait maintenant leur extase au moindre geste de leur progéniture, elle était pareille. Même si Solveig avait une lègére tendance à être un millions de fois plus conciliante et agréable avec son père. Ce soir encore, la coucher avait relevé du parcours du combattant, il avait fallut crier, éviter les obstacles, faire du chantage aux bonbons…Et Luna n’en finissait plus de regarder l’heure, attendant l’arrivée de Connor.

Connor. Leur relation était toujours aussi particulière, elle avait eut peur que lorsque le bébé serait là, qu’ils entrent dans une routine déprimante et monotone. Tout ce qu’ils ne voulaient pas. Mais, c’était Luna et Connor, et les choses s’étaient déroulées dans leur sens. Parfois, elle avait peur. Peur qu’il s’en aille, peur qu’il ait envie d’autre chose, peur qu’il regrette mais à chaque fois qu’il la prenait dans ses bras, ou qu’ils partageaient un moment sous la nuit étoilée, elle savait. Elle savait que ce n’était qu’elle, que ce n’était qu’eux. Elle le savait grâce à son cœur qui s’emballait sous son poid, elle le savait à la manière dont il arquait un sourcil avant d’éclater de rire lorsqu’elle tenait une fois de plus, un discours incohérent où la mauvaise fois régnait. Oui, elle le savait par toutes ces petites choses. Et elle le voyait aussi à travers les yeux de leurs filles.

Ce soir là, n’avait pas échappé à la règle. Connor l’avait prévenue qu’il rentrerait tard au grand désespoir de sa fille qui était déterminée à attendre son père jusqu’à ce qu’il arrive. Dieu merci, son corps de fillette de 4 ans en avait décidé autrement. Aux alentours de 20heure15 la petite s’était endormie et le calme avait emplit la maison, au grand bonheur de Luna. Elle la porta jusqu’à son lit, et c’est ainsi qu’elle s’était retrouvée là, pensive, songeant à hier, et aujourd’hui sereinement, lorsqu’elle entendit un bruit derrière elle, elle se retourna et son visage s’illumina instantanément. Elle jeta un dernier regard à la fillette endormie et fit les quelques pas qui la séparait de lui en chuchotant :

« 8heure trente-cinq. Pas mal, pas mal. »

Elle déposa un baiser sur ses lèvres, le savoura, puis reprit :

« La prochaine fois, tu l’emmènes avec toi ! »

OKAY BY JUNE