Je pourrais raconter mon histoire comme j'avais initialement prévu de le faire. Avec de longues parenthèses, des anecdotes marrantes, et des "scoops" sauf que je me suis demandée pourquoi je faisais ça. Quelle était vraiment l'utilité de ce journal bloc notes où ramassis de feuilles de brouillons sur lesquelles je griffonnais ? En préface je me présente ; Sephora Millie Hollis bien entendu je n'ai pas noté seulement ça j'ai parlé de mon enfance et ma psychologue m'a demandé d'étoffer et surtout d'écrire un résumé de ma vie pour pouvoir en sortir de principales directions, ce document une fois terminé me servira d'aide pour la rédaction plus complète. Je vais me parler à moi même chose que je ne comprends pas car je suis censée parler de mon propre moi pour moi -vous avez suivi ?-
Enfin bref j'ajoute quelques choses dont je me souviens parfaitement, ou bien des souvenirs que je redécouvre ; étrange cette capacité de se demander si on avait vraiment vécu toutes ses choses & si l'imaginaire n'avait pas pris la place.
J'ai eu la chance -qui devient de plus en plus rare- de vivre une enfance au sein d'un couple aussi bien parental que conjugal ; mes parents se sont rencontrés lors d'un programme d'échange universitaire ma mère se rendait à NYU et mon père a tout de suite était charmé par cette jolie grecque. Je ne sais pas si j'ai été conçu dans une voiture, ou dans la chambre d'ado' de mon père -ew- mais j'ai été choyée et même si unique j'ai ressentis un manque il a été très rapidemment comblé. Le mariage de mes parents a eu lieu bien avant ma naissance, leurs parents étaient pas vraiment emballés par leur union surtout du côté de mon père car ma grand-mère voyait d'un mauvais œil le départ de son fils sur un autre continent car ça doit être difficile je l'imagine de laisser partir le fils chéri pour la GRECE. Pas vraiment emballés mais pas mesquins ils n'ont rien faits pour les en empêcher et je pense aujourd'hui que ma grand mère est rassurée. Mes grands parents sont un mystère pour moi j'ai vu ceux du côté paternel à mes 12 ans puis plus rien, ils vivent sûrement une vie de senior à fond avec résidence privée et tout le tralala. Et dans leur contrat une clause leur interdit de voir leurs petits enfants et tout ça. J'y crois moyennement, n'empêche j'ai su m'épanouir même sans papy & mamie.
J'aime mes parents, je respecte et j'idolâtre l'amour qu'ils se portent l'un envers l'autre c'est ce que je veux pour moi. Être amoureuse une seule fois mais pour "toujours" ça doit arriver une fois sur cent, mes parents ont eu de la chance maintenant de mon côté je ne pense pas que ça soit pareil. La chance en amour ne se gagne pas elle vous choisis au hasard, devant tirer la roue et m'apitoyer ensuite ; sauter de joie car la case "heureuse pour toujours" tomberait ou bien "réessaye encore" je n'ai pas envie de divorcer, ça me laisserait un goût d'inachevé presque d'avoir raté cette histoire. Alors je m'étais jurée de ne jamais divorcer quitte à annuler le mariage.

Mariage, selon ma partie "moi princesse" j'aurai le droit au plus beau qui soit avec une robe qui traînerait sur trois mètres et des petites filles qui la tiendraient et me diraient que je suis la plus jolie. Enfin ça c'était encore selon mon imaginaire et dieu seul savait à quel point j'idéalisais trop souvent. J'ai eu une enfance vraiment idyllique ; des cadeaux pour chaque occasion, de câlins en veux-tu en voilà. Du bonheur à profusion et surtout une stabilité qui m'a beaucoup aidé à me construire.

J'ai quelques souvenirs de mon enfance à Athènes bien entourée avec mes cousins/cousines ; les longues soirées d'été à se raconter quelques anecdotes comme s'il s'agissait de secret confidentiel. Et les journées à la plage où le pique nique se transformait en véritable restaurant à ciel ouvert. Mon père a eu la chance d'être entré dans une belle famille qui l'a adopté qui la fait se sentir à l'aise tout de suite, la Californie lui manquait mais vraiment. Alors mes parents ont continués à vivre, à s'aimer à tout faire pour que je les aime encore plus et infiniment. Je n'ai pas eu de frère ni de sœur mais je m'en moquais mes parents faisaient tout pour que je sois leur centre d'attention j'aimais ça être chouchoutée à mort à toujours faire les yeux doux pour m'acheter quelque chose. Si il savait que ma descente aux enfers commençait à peine.

Ma mère a commencé à porter des soupçons sur moi quand je mettais à mentir pour éviter de manger ; l'excuse de "j'ai mangé au lycée" marchait bien au début. Je jonglais aussi avec "j'ai mangé avec Evah" ou chez elle alors qu'en réalité la seule chose que je faisais chez Evah c'était calculer le nombre de calories que je devrais encore perdre. J'étais fine mais persuadée du contraire je me suis coupée petit à petit d'avec mes cousins les piques niques j'y assistais mais de très loin. Et quand on touchait à peine mon ventre je me transformais en furie. Je me souviens pas de la première fois où j'ai bu une bouteille presque entière d'un litre d'eau chaude pour vomir ensuite mais le processus était bien huilé ; eau chaude = nausées tout de suite après puis plus qu'à forcer la chose. Le faire était simple -ma chambre donnait sur ma salle de bains- couvrir les bruits par contre l'était beaucoup moins. Alors j'ai rusé pendant quelques mois en plus de faire du sport m'épuiser physiquement, et bosser comme une malade je me faisais vomir à l'extérieur chose compliquée tout en évitant les regards. Je me sens honteuse à présent en le racontant mais je cherchais vraiment à entrer dans du 34 sans rentrer mon ventre ou me sentir bien dans ma peau.

Heureusement pour moi on m'a grillé enfin c'est surtout Evah qui m'a balancé auprès de mes parents, bizarrement ils ne m'ont rien dis et le plus cruel fut de voir ma mère se dire entièrement responsable. Nah elle ne l'était pas, j'aimais bien sa façon de me couver comme un bébé. Mon père disait qu'elle me maternait trop justement et que ça me foutait une genre de pression que je ne surmonterais jamais tant qu'on serait aussi fusionnelles. Alors il a décidé quelque chose je ne passerai pas ma terminale dans la ville, ni même en Grèce, ni même dans le continent européen. Mais aux États-Unis le fait qu'il m'ait accommodé à la langue américaine prenait tout son sens quand il me tendit le billet Aller en me disant "tu reviendras quand tu seras prête" ; j'ai angoissé durant tout le trajet mais ma dernière année de lycée se déroula à merveille.
Mon anorexie revenait par périodes mais j'arrivais à me contrôler tout en suivant les médecins et leurs conseils je ne faisais pas entièrement confiance à la science mais fallait bien avouer que ça m'avait guéri. Je me suis presque habituée à ma vie américaine surtout quand je suis entrée à Fordham il y a de ça trois ans et on m'a mise en confiance j'ai eu des coups de coeur pour certaines personnes, d'autres moins. A chaque vacances je retourne en Grèce et j'aime voir ma mère aller mieux elle a mal vécue notre "séparation" au début mais y arrive maintenant je redécouvre les vacances avec ma famille, et je prends à nouveau gôut aux longues soirées d'été.
J'ai eu mes doutes, mes angoisses mais à présent je respire NY je vis NY.