Je ne savais plus trop quelle heure il était. Mais peut importe. De toute façon, je n’avais rien prévu d’autre aujourd’hui. Je pouvais aller et venir à ma guise sans que j’ais quoi que ce soit à dire à personne. Non, ce n’était pas vrai. Je devais « rendre des comptes » à ma sœur jumelle, mais ce n’était jamais forcé. Cela me faisait plaisir de lui raconter ma vie en long et en large. Nous n’avions d’ailleurs aucun secret l’une pour l’autre. Nous nous disions tout dans les moindres détails. Et notre relation n’en était que plus forte. J’avais tellement été heureuse lorsqu’elle m’avait appris il y a quatre ans qu’elle me suivait ici à New York. Je ne pouvais pas espérer mieux. En même temps, Julia ne serait jamais restée là-bas en Californie. Elle détestait tout autant que moi la superficialité de notre famille et des gens qui l’entouraient. J’avais eu peur cependant qu’elle parte ailleurs. Mais cela ne s’était pas produit. Heureusement pour moi.

D’ailleurs, c’était elle que j’allais voir aujourd’hui. Julia était vendeuse dans un comic book store. Cela ne m’avait pas surpris d’elle. La jolie blonde était une bible des comics. Elle s’y connaissait peut-être même plus que les gars. Et puis, je savais qu’ils étaient tous fan d’elle. Après tout, ma jumelle était magnifique et les gens le remarquaient très facilement.

La boutique se trouvait dans le centre commercial « Harlem USA » et c’était sur ma bicyclette que j’y rendais. C’était une habitude qui ne m’avait pas quitté depuis mon départ de Long beach. Je n’aimais pas prendre une voiture pour m’y rendre. D’ailleurs, je n’en avais pas. Dans une grande ville comme New York, c’était totalement inutile. Avec les transports en commun et tout, on pouvait bien s’en passer. Détrompez-vous, je n’étais pas une écolo, mais je faisais ma bonne action avec mon vélo. Si ça pouvait soulager ma conscience…

J’arrivai finalement au centre commercial. Il devait être le milieu de la journée j’imaginais. Je perdais souvent le fil du temps lorsque j’étais dans ma bulle. J’attachai mon vélo et pénétrai dans le « mall ». La boutique de ma sœur n’était pas très loin. Lorsque j’entrai, je la vis dans le fond du magasin. Elle parlait à son responsable. Comme il me connaissait, je pouvais me permettre un peu plus. Je lui fis signe de ne rien dire et m’approchai silencieusement de Julia pour venir finalement mettre mes mains sur ses yeux. « C’est qui? » murmurais-je en riant au final.

Dès qu’elle eut dit mon nom, je la lâchai pour qu’elle puisse se tourner vers moi. « Ça va jumelle? » lui demandais-je avec un sourire. Son patron nous regarda avec un sourire et parti plus loin. Des patrons comme cela, il ne s’en faisait plus tellement de nos jours. Et puis, deux filles identiques dans un comic book store, on savait jamais si les ventes allaient augmenter dangereusement dans les prochaines heures…

THE WILLIAMS TWINS ∞ She comes in colors everywhere, she combs her hair. She's like a rainbow. Coming, colors in the air, oh, everywhere. she comes in colors. Have you seen her dressed in blue? See the sky in front of you and her face is lik a sail, speck of white so fair and pale. Have you seen a lady fairer?

Tu ne vas pas y arriver. » dit distraitement Julia, assise en tailleur sur le comptoir de la caisse du Comic-Book Store.
Elle tourna alors la page de la bande dessinée qu’elle était en train de lire, sans lever les yeux une seule fois vers son responsable. Pas la peine de le regarder pour deviner. Bien sûr que non ! Elle savait très bien ce qu’il était en train de faire, c’était évident. Par les simples bruits qu’il pouvait pousser et les injures qu’il proférait en salissant la langue anglaise, elle savait pertinemment que monsieur essayait de soulever deux cartons d’arrivage au lieu d’un seul. Sauf que, comme d’habitude, il n’y arrivait pas. Il n’y arrivait jamais de toute manière. Alors elle se contentait de rester là où elle était, soit sur son perchoir, à se moquer gentiment de lui jusqu’à ce qu’il range sa dignité au placard pour lui demander de l’aide. Ce qui allait fatalement arriver dans les prochaines minutes. Julia en était persuadée. Après tout, Cameron était comparable à une asperge : très, très grand, très, très blanc et très, très maigre. Le stéréotype parfait du geek en puissance. Donc, non, il ne réussissait pas à soulever deux cartons remplis à craquer en même temps à la force de ses bras… Puisqu’il ne devait même pas avoir de muscle. Mais passons.
Julia n’y arrivait pas non plus, non. Seulement, elle servait simplement d’esclave à Cameron quand son ego était blessé de constater qu’il avait la force d’un enfant de quatre ans.
« Ca ne sert à rien de s’acharner tu sais. » poursuivit-elle, toujours au même endroit.
Il n’y avait personne, donc elle pouvait se permettre de prendre ses aises. Mais il fallait se l’avouer, même quand ils avaient des clients, elle les prenait quand même. On ne lui avait encore jamais fait de remarque quand à son comportement familier, sa vilaine manie de faire des choses ici comme si elle était chez elle. Mais c’était Julia. Alors on la laissait faire. Alors on l’admirait faire, même.
Elle était quand même dans un milieu majoritairement masculin. Dans ces moments-là, l’instinct primaire reprenait le dessus : ils étaient les mâles, elle était la femelle, donc…
« Au lieu de faire la maline, Andrew a bien mis les Uncanny Avengers en B14 ? »
Julia ne releva pas les yeux de sa bande dessinée, et porta la paille de son frappuccino framboise-cassis à sa bouche.
« Ouais. » murmura-t-elle lentement, plongée dans l’histoire.
Cameron leva les yeux au ciel, puis finit par prendre dans ses bras un seul carton pour le porter jusqu’à côté d’elle. Il passa sa main devant les yeux de la jeune femme pour capter son attention, et quand Julia leva le regard vers lui, il leva les yeux au ciel. Il était cool, comme responsable. En même temps, il n’avait qu’une poignée d’années de plus qu’elle et il avait très vite compris que Julia n’en faisait qu’à sa tête et qu’elle n’était pas une fille comme les autres. Ca ne le dérangeait pas. Au contraire, il était plutôt satisfait. Et au fond, même s’il semblait exaspéré par son employée, ça l’amusait. Julia en était certaine.
« Quoi ? »
« T’as même pas levé le regard avant de dire ça, t’as vérifié peut-être ? »
Le ton de Cameron était amusé. Il avait un grand sourire et son regard semblait pétillé derrière ses lunettes.
« Cinq dollars qu’ils y sont. »
« Tenu ! »
Julia finit par abandonner sa BD pour redescendre sur la terre ferme dans un mouvement fluide, et elle accompagna Cameron jusqu’au fond du magasin pour vérifier le bac B 14. Elle ne prit même pas la peine de vérifier par elle-même et laissa Cameron regarder ; quand elle vit sa mine déconfite, elle tendit la main vers lui.
« Par ici la monnaie ! »
Il sortit un billet pour lui fourrer dans la main, les sourcils froncés.
« Comment tu savais qu’il les avait bien rangé ? »
« C’est moi qui l’ai fait, en fait. »
Julia lui envoya un immense sourire satisfait, à mi chemin entre la gentille moquerie et le je t’ai bien eu ! Fourrant le billet dans sa poche (et sachant pertinemment que d’ici la fin de la journée elle le perdrait face à un autre pari stupide avec Cameron), elle observa le visage de son responsable se décomposer. C’était quand même très, très satisfaisant. Puis d’un coup, plus rien.
Julia sentit des mains se poser sur ses yeux, et automatiquement, elle attrapa les bras auxquelles elles appartenaient. Poussant un petit rire quand une voix qu’elle connaissait par cœur lui demanda qui c’était ; elle ne réfléchit pas à deux fois avant de donner la réponse.
« Lyvia ! »
Aucun doute là-dessus. Sa jumelle relâcha ses mains et Julia se retourna. Cameron en profita pour s’esquiver afin de laisser les deux filles ensemble et aussitôt Lyvia lui demanda comment ça allait. Julia joua avec les pointes des cheveux de sa sœur, puis releva le regard vers elle.
« Oh, oui, ça va. La routine, tu sais. » répondit-elle simplement en haussant les épaules. « Je viens d’arnaquer Cameron de cinq dollars, ça ne peut qu’aller, tu sais… »
Elle eut un petit rire cristallin, lançant un regard en coin à Cameron qui semblait lever les yeux au ciel en portant un nouveau carton. Journée des arrivages. Normalement, Julia aurait été réquisitionnée pour la journée, mais son responsable comprenait parfaitement que chez les jumelles Williams, il y avait un besoin vital de papoter ensemble quand elles se retrouvaient toutes les deux dans un rayon de cinquante mètres. C’était comme ça. Il avait fini par le comprendre.
« Et toi, tu vas bien ? Je pensais que le Carlyle t’avait réquisitionné ce matin. Ils ont annulé ? »
Elles et leurs emplois du temps. Entre cours, job d’hôtesse de l’une et de vendeuse de l’autre, c’était toute une histoire. Cependant, il fallait bien qu’elles se débrouillent. Mais elles étaient à deux, donc ça allait forcément.

Mes pas me ramenaient toujours vers elle, ma sœur jumelle. Je ne pouvais pas me l’expliquer, mais il était toujours pénible d’être loin de Julia, comme si j’étais aimantée à elle d’une manière indescriptible. Peut-être était-ce ainsi pour tous les jumeaux, mais je m’amusais à croire que nous étions différentes de tout le monde. Que nous faisions nos propres lois dans l’univers. Notre relation était privilégiée. Je savais que je pouvais tout lui dire et vice-versa. Nous n’avions aucun secret l’un pour l’autre. Mais cela ne m’empêchait pas de vouloir de ses nouvelles, les plus banales soient-elles! Voilà pourquoi j’étais venue ici, dans ce comic book store pour la voir. Je n’avais pas de nouvelles extraordinaires à lui raconter, mais j’avais besoin d’entendre sa voix, de la voir sourire. Ce que je l’aimais ma Julia!


« Oh, oui, ça va. La routine, tu sais. » me répondit-elle simplement en haussant les épaules. Réponse simple qui m’arracha tout de même un sourire sans que je puisse retenir les muscles de mon visage. « Je viens d’arnaquer Cameron de cinq dollars, ça ne peut qu’aller, tu sais… » ajouta-t-elle et elle eut un petit rire. Je ne pus pas me retenir de rire à mon tour. La bonne humeur était tout simplement contagieuse! « Cinq dollars? C’est tout? Je suis sure qu’à la fin de la journée, tu vas avoir bien plus que cela. » lui dis-je avec un clin d’œil, l’encourageant dans le vice.


« Et toi, tu vas bien ? Je pensais que le Carlyle t’avait réquisitionné ce matin. Ils ont annulé ? » me demanda-t-elle. J’haussai les épaules. Elle avait raison. Ce matin, lorsque nous nous étions quittées, je me préparais pour une journée de travail au Carlyle, un hôtel réputé de New York. Mais comme il n’y avait personne, ils ont bien compris que me payer inutilement ne ferait pas avancer les affaires. Comme s’ils avaient besoin de mon salaire pour vivre… Bref, rien qu’à cette pensée, j’eus un roulement d’yeux. « Qu’est-ce que tu veux? Ils ont compris que j’avais besoin de passer du temps avec ma sœur et qu’aller l’embêter à son propre boulot était plus important que le mien… Ouais, en gros, ils ont annulé mon quart de travail. » dis-je en soupirant.


Mais il m’en fallait plus, bien plus pour m’enlever mon sourire qui ne s’effaçait jamais. Même dans les pires circonstances, je finissais toujours par le faire sortir de nouveau. À croire que j’étais une éternelle optimiste! « C’est la sortie des BD aujourd’hui? Ça m’étonne qu’il n’y ait pas plus de geek par ici… » dis-je à ma sœur. Bien sur, je m’incluais là-dedans donc il n’y avait rien de négatif dans mon commentaire. Julia m’avait initié à cette forme d’art depuis que nous étions jeunes.

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La relation entre deux jumeaux était si différente des autres relations. Julia le savait. Elle savait que personne, ou seulement les autres jumeaux, pouvait comprendre à quel point Lyvia était importante à ses yeux… A quel point elle ne pouvait pas vivre sans elle. Cela se reflétait dans tout ce que les deux sœurs pouvaient faire ; en une journée, les deux blondies s’envoyaient une quantité incroyable de messages-textes en tout genre, même si cela n’avait pas pour but premier de dire quelque chose de réellement constructif. Elles passaient leur temps à rendre visite à l’autre, que ce soit à la fac ou sur son lieu de travail, tout simplement pour la voir, même s’il ne s’agissait que de quelques minutes. Les deux Williams se disaient tout. Absolument tout. Il n’y avait pas une seule information qui restait cachée par l’une aux yeux de l’autre, non. Et puis, elles s’adoraient.
C’était pour cela que Julia avait vraiment été heureuse de voir sa sœur se pointer en cette fin de matinée pour lui faire coucou. Après leurs retrouvailles, son responsable s’était discrètement éclipsé pour laisser les deux filles ensemble et s’occuper d’autres cartons, leur laissant ainsi la paix qu’elles souhaitaient. Lyvia prit immédiatement des nouvelles de Julia. Fidèle à elle-même, la demoiselle haussa les épaules en lui disant qu’il n’y avait rien de nouveau et lui fit part d’une nouvelle arnaque qu’elle avait montée contre Cameron. Chose qui ne sembla même pas étonner Lyvia. Après tout, vu le nombre de fois où c’était déjà arrivé… Julia s’étonnait encore qu’il veuille encore prendre des paris avec elle, puisqu’elle gagnait trois fois sur quatre. Mais après tout, ça l’arrangeait, donc elle se gardait bien de lui faire la remarque.
« Cinq dollars ? C’est tout ? Je suis sure qu’à la fin de la journée, tu vas avoir bien plus que cela. »
Julia esquissa un sourire en levant les yeux au ciel. Elle se rapprocha de sa sœur jumelle pour lui murmurer à l’oreille.
« Ne dis pas ça trop fort, il va plus vouloir parier après. »
Puis elle éclata de rire. Cameron regarda dans sa direction et Julia se contenta de lui faire de grands signes. C’était de la taquinerie envers son responsable, de la taquinerie pure et simple. Après tout, toutes les personnes qui connaissaient un tant soit peu Julia savait qu’elle n’était pas méchante, non. Elle adorait jouer. Elle vivait dans son monde. Elle ne prenait rien ou sérieux ou presque. Quelque part, c’était apaisant d’être avec elle, puisque tous les problèmes quotidiens semblaient s’évaporer… Puisque Julia n’en avait pas. Voilà tout.
Julia prit donc à son tour des nouvelles de sa sœur, évoquant le fait qu’elle était censée travailler à cette heure. Tout de suite, Lyvia leva les yeux au ciel, guère emballée. Donc Julia avait vu juste. Ils avaient décommandé. Sa sœur lui affirma cela quelques secondes après en disant qu’il n’y avait pas suffisamment de monde pour qu’elle puisse travailler ; Julia lui fit une légère pression au bras avec sa main. Certes, cela faisait un peu moins d’argent pour elle. Mais ce n’était pas grave. Elle pouvait toujours faire plus de paris avec Cameron pour compenser le salaire de sa sœur… Hum. A méditer.
Lyvia retrouva son entrain habituel, oubliant très vite ce mauvais côté de la journée.
« C’est la sortie des BD aujourd’hui? Ça m’étonne qu’il n’y ait pas plus de geek par ici… »
Julia lança un coup d’œil à la boutique.
« Ils sont pas encore sortis de cours, c’est pour ça. » dit-elle en souriant.
Elle ? Elle avait déjà lu la suite de tous les comics qu’elle lisait en ce moment. Elle avait même déjà mis dans son sac les nouveaux numéros de ceux que sa sœur suivait. Elle faisait toujours cela. Elle lui mettait toujours de côté. Elle ne lui faisait jamais payer. Parfois, elle mettait des sous dans la caisse pour compenser, parfois… Bah. Cameron ne disait rien de toute manière. Il n’allait pas faire un scandale pour deux-trois comics disparaissant des étalages…
« Par contre, tu as bien fait d’être arrivée maintenant, parce que dans une demi-heure la boutique sera pleine… » ajouta-t-elle. « Je t’ai mis tes nouveaux numéros de côté si tu veux, ils sont dans mon sac. »
Sans attendre une réelle réponse de sa sœur, Julia l’attrapa par la main pour la conduire jusque derrière la caisse, puis elle se baissa pour attraper son sac gisant en dessous du comptoir. Elle sortit les précieux comics, puis les donna à Lyvia.
« Tiens ! » fit-elle, pleine d’entrain. « Franchement, tu vas adorer la fin d’Invincible Iron Man, franchement elle est juste… »
Il n’y avait pas de mot pour expliquer. Donc Julia laissa sa phrase en suspens, faisant un petit geste de la main enthousiaste pour ponctuer le mot manquant. Lyvia comprendrait. La fin était juste awesome, quoi. Voilà. Awesome.
Puis un sujet lui revint en mémoire. Un sujet qu’elle avait abordé ce matin avec son meilleur ami, lors de leur séance de jogging hebdomadaire. Julia fronça quelques instants les sourcils, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet. C’était tellement compliqué. Et puis, elle ne savait elle-même pas quoi en penser. Alors elle s’éclaircit la gorge.
« En fait, il faut que je te dise un truc… » commença-t-elle. « Un truc à propos d’Adrian. »
Autant commencer par le début. Autant évoquer tout de suite le principal intéressé.

« Cinq dollars ? C’est tout ? Je suis sure qu’à la fin de la journée, tu vas avoir bien plus que cela. » lui avais-je dit sous forme de plaisanterie. Ma jumelle esquissa un sourire et leva les yeux au ciel. Un sourire apparut par le fait même sur les miennes, alors que Julia s’approchait de moi pour me murmurer à l’oreille; « Ne dis pas ça trop fort, il va plus vouloir parier après. ». J’éclatai de rire en même temps qu’elle. « Motus et bouche cousue, alors. » et je lui fis un clin d’œil. Je ne voulais surtout pas que par ma faute la jeune femme se retrouve avec un déficit. Non mais! Je n’étais pas comme cela, voyons! Et puis, une chose était certaine, j’étais du côté de ma sœur même pour la plus banale des plaisanteries.

Notre éclat de rire attira cependant l’attention de Cameron qui nous regarda sans comprendre. Je me contentais de lui sourire tandis que Julia lui faisait de grands signes. Il était pour le moins évident qu’elle se moquait de lui, mais comme tout ce qu’elle faisait, c’était gentil.

Et puis, vint la raison de ma visite. Je dus expliquer à ma sœur qu’ils m’avaient décommandé pour la journée. Automatiquement, elle me rassura en me faisant une légère pression sur le bras. Mon sourire ne s’effaça pas cependant. On allait s’arranger. On y arrivait toujours. « Bah de toute façon, il va bien y avoir une journée où je ferai de l’over time pour commencer. Ça arrive tout le temps… » lui dis-je. « C’est la sortie des BD aujourd’hui? Ça m’étonne qu’il n’y ait pas plus de geek par ici… » lui avais-je demandé pour changer le sujet. Ma sœur regarda tout autour et me répondis qu’ils étaient sûrement encore en cours à cette heure-là. Cela me rappela que je ne savais toujours pas il était quelle heure. Que je pouvais être perdu! « Par contre, tu as bien fait d’être arrivée maintenant, parce que dans une demi-heure la boutique sera pleine… » ajouta-t-elle. « Je t’ai mis tes nouveaux numéros de côté si tu veux, ils sont dans mon sac. » me dit-elle.

Je commençais à sautiller sur place comme un enfant en voyant ses cadeaux sous le sapin de Noël. Julia m’attrapa par la main pour me conduire vers la caisse. Elle mit les précieux comics entre mes mains. « Tiens ! » fit-elle, pleine d’entrain. « Franchement, tu vas adorer la fin d’Invincible Iron Man, franchement elle est juste… » commença-t-elle. « Chut! Chut! Ne dis rien. Je veux pas savoir. » lui dis-je avec un clin d’œil. Et puis, je m’avançai pour la remercier d’un câlin. Même si je n’étais pas aussi fan qu’elle, je ne pouvais pas m’empêcher de trépigner d’avance de lire les bandes dessinées. C’était un de mes passe-temps pas si secret que cela.


Passé l’excitation des Comics, je remarquai que Julia fronçait les sourcils. Je me doutais bien qu’elle avait quelque chose à me dire. Je ne savais juste pas quoi. Elle s’éclaircit la gorge et puis, parla finalement. « En fait, il faut que je te dise un truc… » commença-t-elle. « Un truc à propos d’Adrian. » dit-elle. Je fronçai légèrement les sourcils à mon tour. « Quoi? Tu m’inquiètes. Dis-moi pas qu’il t’a fait une embrouille? » dis-je, me préparant déjà à aller le voir pour lui dire ma façon de pensée!

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Une sœur jumelle, cela signifiait que quoi qu’il arrive, vous ne serez jamais seule. Une sœur jumelle, cela voulait dire que de toute manière, il y aurait toujours quelqu’un pour vous aimez telle que vous êtes. C’était le cas pour Lyvia et Julia. C’était bien simple ; elles s’acceptaient quoi qu’il se passe, elles s’aimaient toujours autant même si les choses n’étaient pas toujours simples. Julia ne s’imaginait plus sans sa sœur. A vrai dire, elle ne s’était jamais imaginée naître sans Lyvia. A elles deux, elles formaient un tout ; deux personnes distinctes toujours connectées, sans cesse à avoir besoin de l’autre. Elles étaient différentes mais fondamentalement complémentaires. N’y avait-il pas quelqu’un qui disait, justement, que des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace ? Julia comprenait ce que cela voulait dire. S’il y avait un choix à faire entre sa sœur et le monde entier, elle choisirait sa Lyvia sans l’ombre d’une hésitation. Cela avait toujours été le cas et cela le serait toujours. Après tout, elle avait déjà fait ce choix. Elles avaient quitté leur bulle pour se rendre à New York, ne comptant plus que sur elles-mêmes pour s’en sortir.
Tant que Julia avait Lyvia, ça allait. Ca allait toujours. Même si Lyvia ne bossait pas ce matin. Même s’il allait falloir compenser le peu de salaire qu’elle perdait par tous les moyens. La blondie ne s’en inquiétait pas ; elles trouvaient toujours. Et puis, même si elles ne trouvaient pas, ce n’était pas une catastrophe non plus. La vraie catastrophe aurait été de se retrouver ici toute seule. Sans personne. Sans elle.
« Je ne dirais rien. Promis. » fit-elle alors lorsque Lyvia la coupa dans son élan.
Elle ne voulait pas connaître la fin du nouveau numéro d’Invincible Iron Man, chose qu’elle comprenait parfaitement. Cependant, Julia sautillait presque derrière la caisse, tellement elle avait envie d’en parler à quelqu’un. C’était dur, de ne rien dire. Tellement dur. Surtout à sa sœur ! Lyvia la prit dans ses bras pour la remercier.
« Par contre si tu pouvais te dépêcher de le lire, j’ai envie de partageeeeer ! » ajouta-t-elle. « Cameron le lit pas celui-là. Je me retrouve seule avec moi-mêêêêême. S’il te plait. Tu le mets en haut de la pile. »
Elle se détacha lentement d’elle, lançant un regard suppliant à sa jumelle pour qu’elle l’écoute. Julia était incorrigible. Cependant, ce genre de caractéristiques représentaient tout ce qu’elle était ; elle vouait un culte aux Comic-Book, elle faisait partie de ces personnes qui ne voyaient jamais de problème mais que des solutions. Elle était facile à vivre, après tout. Peut-être agaçante, mais pas chiante. Tout était dans la nuance.
Puis le sujet Adrian lui revint en mémoire. Automatiquement, elle fronça les sourcils et après y avoir bien réfléchi, elle finit par dire à Lyvia qu’elle avait quelque chose à lui dire à propos de son meilleur ami. Sa réaction fut immédiate : elle fronça à son tour les sourcils, montrant sans détour qu’elle s’inquiétait légèrement.
« Quoi ? Tu m’inquiètes. Dis-moi pas qu’il t’a fait une embrouille ? »
Julia arqua un sourcil, puis finit par secouer la tête en riant. Oh non ! Si cela n’avait été qu’une embrouille, la Californienne n’aurait pas pris cet air aussi sérieux – façon de parler – sur son visage.
« Du tout ! Ne t’inquiète pas. En fait, tu vas rire… » répondit-elle.
Bon, cela ne faisait pas tellement rire Julia, mais après tout, la situation était plutôt comique, non ? Elle essayait de se dire cela en tout cas. Même si c’était plutôt dur. Julia finit par faire signe à Lyvia de se rapprocher après un vague coup d’œil à Cameron, qui semblait bien trop absorbé par un présentoir pour que cela puisse être vrai.
Julia savait qu’il écoutait leur conversation. Comme toujours.
« Tu sais, ce matin je suis allée courir avec lui comme tous les mercredis… » commença-t-elle. « Et il m’a parlé d’un truc. Tu savais qu’il voulait devenir papa ? Je t’en avais parlé il y a pas longtemps. Enfin bref, j’ai toujours cru que c’était pour rire et qu’il n’était absolument pas sérieux mais en fait… »
Julia déglutit. Elle hésitait entre rire et aller mourir dans son coin.
« En fait il veut que ça soit moi la mère. »
Oui, elle, Julia Williams, présentement sa meilleure amie depuis des lustres (ou presque), vivant complètement dans son monde et légèrement décalée avec la réalité. Elle avait toujours cru qu’il se fichait d’elle, cependant, elle en était venue au point d’avoir le doute… Oui. Peut-être le voulait-il vraiment. Cependant, elle ne savait même pas quoi en penser pour elle. C’était si bizarre. Etrange. Impensable.
A vrai dire, c’était franchement awkward.

« Par contre si tu pouvais te dépêcher de le lire, j’ai envie de partageeeeer ! » me dit-elle lorsque je lui dis de ne rien me dire quant au contenu de la bande-dessinée que Julia m’avait offerte. Je lui souris de toutes mes dents, d’humeur taquine. « Cameron le lit pas celui-là. Je me retrouve seule avec moi-mêêêêême. S’il te plait. Tu le mets en haut de la pile. » ajouta-t-elle. « Quoi? Je le mets en bas de la pile? » lui dis-je à la blague. « Nah! C’est pas vrai! C’est une blague! Dès que j’arrive à l’appart, je me mets à le lire, promis! » lui dis-je avec un clin d’œil. D’ailleurs, c’était vrai. Même en route, j’allais me mettre à cette tâche. Et j’étais tellement distraite qu’il pourrait y avoir une tornade à mes côtés que je ne le remarquerais même pas. Julia avait ma parole. Et puis, je n’aimais la voir se languir d’impatience, même si c’était marrant.


Puis vint le moment où ma jumelle me dit ce qui la tracassait. Je lui fis part de mes inquiétudes, prête de ce pas à aller voir le principal intéressé pour aller lui dire ma façon de pensée. Mais la jolie blonde me rassura en me disant de ne pas s’inquiéter, que j’allais plutôt en rire qu’autre chose. Cela m’intrigua, bien entendu. « Allez! Crache le morceau ! » la suppliais-je. La belle me fit signe de m’approcher ce que je fis sans hésiter. « Tu sais, ce matin je suis allée courir avec lui comme tous les mercredis… » commença-t-elle. Je lui fis mon visage de fille intriguée et je la pressai de continuer avec mon regard – oui oui, on communique par la pensée nous deux! « Et il m’a parlé d’un truc. Tu savais qu’il voulait devenir papa ? Je t’en avais parlé il y a pas longtemps. Enfin bref, j’ai toujours cru que c’était pour rire et qu’il n’était absolument pas sérieux mais en fait… » continua-t-elle à dire. Je fronçai automatiquement les sourcils. Je commençais à comprendre, bien que l’idée fût un peu trop tordue pour que je croie à cela moi-même. Mais je savais que Julia n’allait par me laisser sur ma fin. Elle déglutit, puis enchaina. « En fait il veut que ça soit moi la mère. » conclut-elle. Là, je faillis m’étouffer avec ma salive. Quoi? Que Julia soit la mère de son enfant? Heu… WHAT? Est-ce que j’avais bien entendu? J’avais besoin d’un sérieux nettoyage d’oreille for sure!


Mais non, à voir l’expression de ma sœur, ce qu’elle me disait, ce n’était pas une blague. Et puis, comme elle m’en parlait, je sentais dans sa voix qu’elle avait considérée l’idée. Encore plus WHAT!!!! « Heu… ok… Et qu’est-ce que tu en penses de tout cela? » lui demandais-je.

Mais elle ne pouvait pas être sérieuse! Et puis, Adrian, c’était quoi cette idée? J’allais devoir lui en parler. Ils ne sortaient même pas ensembles et il voulait un bébé d’elle. Hein? « Et puis, tu … vous êtes juste des amis encore, non? Parce que là, j’y comprends rien du tout! » lui dis-je. Non, je n’étais pas fâchée. J’étais juste sous le choc, voilà tout.

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Ca aurait été trop beau de rester sur le sujet des comic-books, à se taquiner gentiment comme les jumelles savaient le faire. Lyvia était comme le rayon de soleil de Julia. Elle ne pouvait pas se passer d’elle. La blondie gravitait autour de sa sœur comme la Lune pouvait le faire autour de la Terre ; elle ne pouvait passer une heure sans avoir besoin de lui envoyer un texto, de l’appeler, de la voir. Personne ne pouvait comprendre cela. Personne ne pouvait comprendre leur lien. A un tel point que personne ne comprenait, non plus, pourquoi les deux sœurs avaient sans cesse ce besoin de tout se dire. Julia aurait très bien pu garder l’histoire d’Adrian pour elle, oui. Après tout, c’était ses affaires, Lyvia n’était pas impliquée là-dedans. Mais justement. C’était sa jumelle. Elle savait absolument tout d’elle, la connaissait mieux que quiconque. Julia ne se voyait pas ne pas mentionner cette histoire à sa sœur, elle ne se voyait pas tout simplement lui cacher quelque chose. Alors, fatalement, elle lui raconta. Elle lui raconta pour soulager sa conscience, pour partager cette histoire avec quelqu’un, pour avoir un avis. Elle savait qu’elle pouvait faire confiance à Lyvia. Depuis toujours et pour toujours.
Julia n’alla pas directement droit au but, ce qui provoqua l’inquiétude et l’impatience de sa sœur. Elle la comprenait tout à fait, à sa place, elle aurait réagi de la même manière. Alors elle lui expliqua la situation en détail, lui rappelant certains faits qu’elle lui avait déjà confié, lui expliquant qu’Adrian voulait avoir un bébé d’elle et qu’elle avait eu du mal à le prendre au sérieux. Cette histoire était quand même vraiment particulièrement… A un tel point que Julia était littéralement perdu. Elle se voyait mal être enceinte. Lyvia parut tout aussi étonnée qu’elle. A vrai dire, Julia eut même presque peur qu’elle lui fasse une syncope. Bon. Au moins, elle ne lui riait pas au nez. C’était déjà une bonne chose.
« Heu… Ok… Et qu’est-ce que tu en penses de tout cela ? » lui demanda-t-elle.
Et voilà ! Comme d’habitude, Lyvia avait mis le doigt sur la question qui tue. Julia ne savait pas quoi penser de tout cela. Au départ, pour elle, c’était juste une immense blague de la part d’Adrian, prenant des allures de lubie passagère de temps à autre. Cependant, elle avait ce fichu doute qui lui faisait remettre en question… C’était bien une des premières fois de sa vie que quelque chose lui prenait autant la tête.
Eh oui. Ca arrivait même à Julia Williams. Tout était possible !
« Bah, justement Lyvia… »
Julia fit une petite moue.
« Et puis, tu … Vous êtes juste des amis encore, non ? Parce que là, j’y comprends rien du tout ! »
Les yeux de Julia s’ouvrirent comme des soucoupes. Juste des amis encore ? Sous-entendait-elle qu’il y avait possibilité qu’ils finissent par sortir ensemble ? Julia esquissa un sourire malgré elle, tellement l’idée lui parut étrange. Sortir avec Adrian. Never. Il n’y avait jamais eu de romance entre eux, cela aurait été beaucoup trop… Etrange ? Julia ne faisait pas parti de ces personnes qui finissaient par flirter avec leurs amis, non. Elle avait des relations extrêmement proches avec certains gars, cependant, il n’y avait aucune tension sexuelle ou quoi que ce soit. Julia restait Julia.
« Oui, oui, on est juste amis et ça n’ira jamais plus loin. » lui confia-t-elle. « C’est mon meilleur ami… Mais justement. Il est pas du genre à se caser ni rien, donc il m’a désigné comme étant la meilleure mère porteuse qu’il puisse y avoir sur le marché. »
Il avait dû tester son ADN ou quelque chose comme ça pour être sûr d’avoir un bébé parfait, elle n’en savait rien. Cependant, ce genre de pratique, venant de lui, ne l’étonnerait même pas.
« J’avais besoin de te le dire. Ca finit vraiment par me… Perturber, cette histoire. » finit-elle par dire. « Enfin, tu le sais, mais je me vois absolument pas maman et tout ça. Mais je n’arrive pas à savoir s’il est sérieux ou non, au final. A la base j’étais per-sua-dée qu’il déconnait mais au final… »
Elle poussa un petit soupir.
« Bah au final j’ai un doute quoi. »
Ca, c’était de l’analyse. Merci beaucoup Julia. Tes paroles sont très profondes et très enrichissantes.
Elle savait que Lyvia était sous le choc. Ce n’était pas vraiment le but, à la base, mais elle la comprenait parce que c’était quand même quelque chose comme histoire. Dans le genre ça n’arrive pas tous les jours.
Ouais. Ca n’arrive pas tous les jours que votre meilleur ami veuille vous mettre enceinte parce que 1) il veut un bébé pour on ne sait quelle raison et 2) il vous considère comme parfaite sur le plan génétique. Même dans les séries télévisées ils ne faisaient pas aussi fort.

J’avais les yeux bien ronds, vous savez, comme les poissons. Et l’expression « ferme ta bouche sinon tu vas attraper des mouches » ? Eh bien, dans mon cas, elle était entièrement pertinente. La révélation de ma sœur jumelle sur la proposition d’Adrian m’avait fait vraisemblablement tout un choc. Mais quoi? Julia ne s’attendait quand même pas à ce que je lui donne une tape dans le dos et ma bénédiction, non? Elle savait pertinemment que ça me perturberait. Passé l’effet de surprise, je lui demandai tout de même ce qu’elle-même en pensait. Je la vis grimacer. Elle n’aimait visiblement pas ma question à 100 million de dollar! Et c’était bien compréhensible! « Bah, justement Lyvia… » commença ma jumelle. Et elle fit une petite moue. Je plissai immédiatement les sourcils. Pour une rare fois, mon sourire s’était effacé, laissant place au doute et à l’incompréhension. « Quoi? Tu as un doute… J’y comprends rien. » marmonnais-je, mais je me tue. Il fallait que j’aie confiance en le jugement de ma jumelle. Après tout, c’était sa vie, même si la mienne et la sienne étaient extrêmement liées.

Je lui demandai ensuite si finalement il y avait eu quelque chose entre eux. Au vu de la réaction de Julia, je n’eus aucun doute de sa réponse. Ils étaient toujours bel et bien amis, sans plus. « Oui, oui, on est juste amis et ça n’ira jamais plus loin. » me confirma-t-elle. Je pus souffler et je répondis même au sourire de ma sœur. « C’est mon meilleur ami… Mais justement. Il est pas du genre à se caser ni rien, donc il m’a désigné comme étant la meilleure mère porteuse qu’il puisse y avoir sur le marché. » ajouta-t-elle. « Ouais, la meilleure mère porteuse j’ai aucun doute là-dessus! » lui dis-je, sincère. « mais ce sont les autres implications… tu vois… » lui dis-je en mimant un ventre immense.


« J’avais besoin de te le dire. Ca finit vraiment par me… Perturber, cette histoire. » finit-elle par me dire. « Enfin, tu le sais, mais je me vois absolument pas maman et tout ça. Mais je n’arrive pas à savoir s’il est sérieux ou non, au final. A la base j’étais per-sua-dée qu’il déconnait mais au final… » m’avoua-t-elle. Venant d’Adrian, moi aussi, j’avais un doute. Après tout, il était original le gars! « Promet moi d’y réfléchir vraiment bien, hein? Je ne voudrais pas que tu regrettes ton choix, peut importe ce qu’il est… Parce que moi je pense qu’il est sérieux. Je le connais moins que toi, mais quand même. Adrian, c’est Adrian, hein? » lui dis-je avec un sourire en coin. Je voulais dédramatiser la situation le plus possible.


« Pffffiou! Je ne pensais pas que tu allais me balancer une nouvelle comme ça aujourd’hui! T’aurais pu prévenir que je m’assois! Les émotions, des fois! » lui dis-je, avec un sourire encore.

THE WILLIAMS TWINS ∞ She comes in colors everywhere, she combs her hair. She's like a rainbow. Coming, colors in the air, oh, everywhere. she comes in colors. Have you seen her dressed in blue? See the sky in front of you and her face is lik a sail, speck of white so fair and pale. Have you seen a lady fairer?

Julia poussa un soupir légèrement frustré – contre elle-même, pas contre Lyvia – lorsque sa sœur jumelle lut en elle comme un livre ouvert en lui faisant remarquer qu’elle avait bel et bien un doute quant à ce qu’Adrian lui demandait.... Et quand elle lui dit, également, qu’elle ne comprenait strictement rien à la situation. Si seulement elle savait ! Ce n’était pas mieux de son côté, à elle, et ce même si elle avait eu Adrian en face d’elle et qu’elle vivait pleinement la situation. C’était tellement compliqué, tellement perturbant. Julia en était arrivée à un stade où elle ne savait plus quoi penser de tout cela. Oui, elle avait un doute… Mais certainement pas à propos des choses que Lyvia était en train de s’imaginer. Julia remettait tout en question, mais pas les mêmes principes. Non, elle n’était pas en train de ce dire que cela était hypothétiquement possible et qu’elle pourrait probablement lui dire oui et en arriver au stade du let’s go faisons un bébé ensemble et puisse le sort nous être favorable ! Julia était encore très, très loin de tout cela. A vrai dire, elle avait surtout fini par se dire que c’était possible qu’il soit sérieux, au fond. Elle finissait par se dire que c’était bien plus qu’une simple lubie passagère, qu’il voulait réellement devenir papa sauf qu’il n’avait pas – ni même l’envie – de petite copine pour lui en faire un. Il lui prenait la tête avec cela et semblait si sérieux qu’elle avait compris que ça lui tenait très certainement à cœur.
C’était son meilleur ami, elle le connaissait. Elle le dit également à Lyvia, pour lui assurer qu’il n’y allait très certainement jamais de romance entre eux deux. Justement, c’était cela le pire ; ils étaient inséparables et s’entendaient tellement bien, et c’était cela qui avait poussé Adrian à penser qu’elle était effectivement la femme idéale pour porter son bébé. Il lui avait sorti qu’elle était belle, que justement en étant pas en couple cela allait faciliter la tâche, tout cela. Mais voilà. Pour elle, ce n’était pas si évident. Elle ne voulait pas devenir maman non plus.
Ouais, la meilleure mère porteuse j’ai aucun doute là-dessus ! » finit-elle par lui dire. « Mais ce sont les autres implications… Tu vois… »
Lyvia mima le ventre d’une femme enceinte arrivée environ au huitième mois de grossesse. Julia ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire, même si au fond elle était bien trop soucieuse pour y mettre tout son cœur. Oui, ça lui prenait la tête. En temps normal, Julia ne se souciait de rien, mais là, la situation avait littéralement envahi tout son cerveau. Pauvre Lyvia ! Elle lui infligeait tout cela.
« Oui je sais. Neuf mois sans faire de sport, neuf mois d’hormones, neuf mois de nausée… » récita-t-elle. « J’aimerais bien l’y voir, lui. Mais t’inquiète pas, j’ai pas encore envisagé de sacrifier neuf mois de ma vie… »
Elle taquinait son meilleur ami, même à distance. Mais ce fût à ce moment là qu’elle eut la confirmation que Lyvia pensait qu’elle hésitait entre le faire et ne pas le faire. Oula, non ! Il ne fallait absolument pas qu’elle se mette en tête qu’il était possible que sa sœur tombe enceinte dans les mois à venir ; Julia n’avait pas encore réfléchi à cet aspect là de la question. Pour l’instant, elle s’était contentée de ruminer à propos de la sincérité des paroles d’Adrian… Loin, très loin était l’idée d’être enceinte. Ils n’avaient jamais vraiment abordé la question de manière sérieuse après tout. C’était trop bizarre.
Elle finit par confier à sa sœur jumelle qu’elle avait eu besoin de lui dire parce qu’elle ne savait pas si Adrian était sérieux ou non. Julia ne savait plus. Elle n’avait pas envie de le prendre au sérieux, après tout. C’était son pote du tonnerre pour la vie, ils n’avaient pas l’habitude de parler gamins ensemble… Jusqu’à ce qu’Adrian veuille devenir papa, en fait.
« Promet moi d’y réfléchir vraiment bien, hein ? Je ne voudrais pas que tu regrettes ton choix, peut importe ce qu’il est… Parce que moi je pense qu’il est sérieux. Je le connais moins que toi, mais quand même. Adrian, c’est Adrian, hein ? »
Lyvia lui fit un petit sourire, Julia ne fit qu’y répondre. Elle haussa les épaules.
« Justement. C’est Adrian ! » dit-elle, la voix un peu plus emprunte d’entrain. « T’inquiète pas. Pour l’instant je me contente de me torturer l’esprit en me demandant s’il est oui ou non sérieux. Tu vois le genre. En tout cas, merci pour ton avis… »
Lyvia le pensait sérieux. Après tout, elle avait certainement raison. Lyvia avait souvent raison. Elle était un peu comme la conscience de Julia ; à elles deux, elles finissaient toujours par peser correctement le pour et le contre, elles avaient toujours un avis sur une question en particulier. C’était reposant. Au moins, Julia savait qu’elle ne serait jamais seule.
« Pffffiou ! Je ne pensais pas que tu allais me balancer une nouvelle comme ça aujourd’hui ! T’aurais pu prévenir que je m’assois ! Les émotions, des fois ! »
Julia eut un petit rire, puis vint prendre sa sœur dans ses bras. Elle lui tapota légèrement le dos.
« Désolée. J’y penserais la prochaine fois que quelqu’un veut me faire un bébé. »
Cela faisait comme si elle était extrêmement demandée. Cela la faisait rire. Certes, la situation n’était pas amusante, mais finir par se tourner en dérision la soulageait un peu. Elle avait l’impression de dédramatiser. Merci Lyvia ! Cela allait lui permettre d’arrêter de broyer du noir pour un rien.
« Enfin, tu seras la première au courant de l’évolution de tout ça. Première étape : savoir si Adrian est sérieux ou non, je ne sais pas comment m’y prendre mais si tu me dis que d’instinct tu penses qu’il est sérieux… Deuxième étape : essayer de me dire qu’il ne me demande pas l’impossible et essayer d’avoir un regard impartial à propos de sa requête… Ouais non, je serais une mère catastrophique de toute manière, je sais même pas m’occuper de moi ! » dit-elle d’une petite voix joyeuse (ou presque). « Regarde, j’ai besoin de toi pour survivre… Si t’étais pas là, je serais morte dans mon coin depuis looongtemps ! »
Elle se détacha de sa sœur, riant légèrement. Ce n’était pas un rire sincère – légèrement anxieux – mais cela lui faisait du bien de lui en avoir parlé. Elle se sentait mieux. Parce que, comme à chaque fois, Lyvia l’avait écouté.

Toutes les implications d'une grossesse étaient quelque chose qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Certes, Julia allait être enflée comme une baleine, mais ce n'était pas tout. « Oui je sais. Neuf mois sans faire de sport, neuf mois d’hormones, neuf mois de nausée… » récita-t-elle, ce qui vint mettre du poids dans la balance. « J’aimerais bien l’y voir, lui. Mais t’inquiète pas, j’ai pas encore envisagé de sacrifier neuf mois de ma vie… » me dit-elle. Je la regardai avec insistance tandis que je cherchais chez ma jumelle des signes de confusion ou de dilemme. Mais même si je ne voyais pas grand chose, je savais que quelque chose se tramait dans la tête de la jolie blonde. « Dommage que les hommes ne puissent pas vivre cette expérience... peut-être qu'Adrian ne t'aurait même pas posé la question. » lui dis-je. C'est vrai... Ce n'était pas lui qui allait subir toutes les conséquences physiques. Il ne s'attendait quand même pas à ce qu'elle expulse le bébé de son ventre et voilà, le tour était joué? Non non... C'était bien pire que cela. « Ah oui, il y a la souffrance aussi. Imagine si tu dois pousser pendant des jours... Et s'il y avait des complications? » mais là, je m'imaginais le pire. Il fallait que je chasse ces pensées. « Je suis désolée... Je me laisse emporter. » dis-je à Julia avec un faible sourire.

Cette conversation et cette visite prenaient une drôle de tournure. Mais pourtant, elle était nécessaire. « Promet moi d’y réfléchir vraiment bien, hein ? Je ne voudrais pas que tu regrettes ton choix, peut importe ce qu’il est… Parce que moi je pense qu’il est sérieux. Je le connais moins que toi, mais quand même. Adrian, c’est Adrian, hein ? » lui avais-je dit. La jolie blonde haussa les épaules. « Justement. C’est Adrian ! » dit-elle, la voix un peu plus emprunte d’entrain. « T’inquiète pas. Pour l’instant je me contente de me torturer l’esprit en me demandant s’il est oui ou non sérieux. Tu vois le genre. En tout cas, merci pour ton avis… » me dit-elle. Je lui souris, sentant la pression tombée légèrement. Je ne voulais pas dicter l'avenir et les pensées de ma soeur, loin de là. J'étais simplement perplexe, parce que moi-même, je ne m'étais jamais imaginée avec des enfants. Maintenant qu'elle en parlait, moi-même avait un dilemme intérieur... mais pour cela, il fallait que je passe un jour à l'acte... Je me pris encore à jouer avec ma bague de chasteté. Elle commençait à peser sur mon doigt telle une prison.


« Pffffiou ! Je ne pensais pas que tu allais me balancer une nouvelle comme ça aujourd’hui ! T’aurais pu prévenir que je m’assois ! Les émotions, des fois ! » lui avais-je dit. Julia eut un petit rire et vint me prendre dans ses bras. Je la serrai très fort. Que je l'aimais ma soeur! « Désolée. J’y penserais la prochaine fois que quelqu’un veut me faire un bébé. » me dit-elle. Je commençai à rire. « Oui, parce que ça arrive tellement souvent ce genre de demande dans la vraie vie! T'es sure que tu ne vis pas dans un soap américain? » lui demandais-je à la blague. « Enfin, tu seras la première au courant de l’évolution de tout ça. Première étape : savoir si Adrian est sérieux ou non, je ne sais pas comment m’y prendre mais si tu me dis que d’instinct tu penses qu’il est sérieux… Deuxième étape : essayer de me dire qu’il ne me demande pas l’impossible et essayer d’avoir un regard impartial à propos de sa requête… Ouais non, je serais une mère catastrophique de toute manière, je sais même pas m’occuper de moi ! » dit Julia d’une petite voix joyeuse. « Regarde, j’ai besoin de toi pour survivre… Si t’étais pas là, je serais morte dans mon coin depuis looongtemps ! » dit-elle en riant. « C'est sur... Personne ne peut se passer de moi de toute façon. C'est moi la mieux d'entre nous, la tête pensante... » rajoutais-je. Et je fis un mime de tête enflée.

Même si la conversation avait tourné d'une manière étrange, j'étais heureuse que Julia m'en ait parlé. Je l'en remerciai d'un sourire.

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Julia ne s’était jamais vu mère. Jamais. Tout comme elle n’avait jamais imaginé pouvoir tomber enceinte un jour. A vrai dire, elle s’était appliquée à reléguer ces sujets-là au fin-fond de sa mémoire, faisant comme si cela n’était pas une priorité, comme si elle allait pouvoir passer de longues années sans s’en soucier. Cependant, Adrian l’avait ramené sur Terre. Elle avait vingt-deux ans. Plus quatre. Certes, c’était encore jeune, mais au fond, la maternité était peut-être plus proche qu’elle ne le pensait ? Après tout, personne ne pouvait réellement le savoir, le deviner. Pas même Julia. Le futur avait cette caractéristique d’être imprévisible, insaisissable. Elle pouvait très bien avoir un gosse dans un an comme dans dix. Et ce, même si elle avait l’habitude de fréquenter des filles… Même si elle avait tendance à n’aimer d’amour que les filles. C’était également un problème de plus. Elle allait très certainement finir sa vie avec une demoiselle, si elle ne finissait pas célibataire endurcie, ce qui voulait fondamentalement dire qu’elle ne serait jamais mère… Mais ce n’était pas encore d’actualité dans son esprit. Julia ne préférait pas y penser. Elle était bien trop occupée à avoir un blocage sur l’idée d’Adrian pour se soucier du reste et de ce que cela pouvait bien représenter pour elle.
Lyvia évoqua le fait que c’était dommage qu’un homme ne puisse pas subir de grossese. Julia eut un sourire, rien qu’à imaginer Adrian dans cette situation. Cependant, dès que sa jumelle se mit à évoquer la souffrance de l’accouchement et les éventuelles complications, celui-ci se transforma en rictus de douleur. Rien que le fait d’y penser lui faisait mal. Autant Julia pouvait se montrer très courageuse dans certaines circonstances, mais dans le domaine de la maternité, c’était une autre histoire. C’était officiel. Elle se dégonflait littéralement ! Enfin, question de point de vu. Elle n’y avait jamais réellement réfléchi, et elle pensait qu’aux points négatifs, forcément cela ne faisait pas l’unanimité dans son esprit… Elle avait le temps, après tout. C’était ce qu’elle aimait se dire.
Après avoir rassuré sa sœur jumelle en lui disant que pour l’instant elle n’était pas décidée à dire oui, Julia fût soulagée de constater qu’elle semblait nettement moins anxieuse. Soudain plus joyeuse, elle la prévint que la prochaine fois il faudrait qu’elle la prévienne avant de lui annoncer une nouvelle pareille. Julia la prit tout simplement dans ses bras, la serrant contre elle, lui confiant qu’elle y penserait la prochaine fois qu’elle aurait une proposition pour faire un bébé.
« Oui, parce que ça arrive tellement souvent ce genre de demande dans la vraie vie ! T'es sure que tu ne vis pas dans un soap américain ? » répondit-elle, faisant de l’humour.
Julia continua de rire, puis poussa un soupir faussement théâtral, comme si elle était exténuée par toutes ces demandes qui affluaient de toutes parts. Que de gens qui voulaient de son ADN ! C’était ridicule. Mais cela la faisait rire.
« Oh, ne m’en parle pas… » répliqua Julia, tombant presque dans le mélodrame. « En même temps, que veux-tu… Notre ADN est si recherchée que les demandes n’en finissent plus. »
Et puis, après tout, Julia était la plus accessible des deux parce qu’elle n’était pas celle qui portait la bague de chasteté à son doigt. Donc, fatalement, toutes les personnes qui voulaient des enfants de Lyvia se rabattaient sur elle… C’était d’une logique implacable. Mais également une idée complétement farfelu. Heureusement qu’Adrian avait été le seul à oser émettre cette idée à voix haute, sinon Julia aurait réellement commencé à se poser des questions.
Elle finit par résumé ses différents objectifs. 1) Savoir si Adrian était sérieux, même si Lyvia lui avait fait clairement comprendre que c’était fort probable qu’il le soit. 2) Essayer de réfléchir à la question de manière sérieuse et poser. Ce qui en soit relevait de l’impossible. Réfléchissant à voix haute, Julia démontra qu’elle serait bien incapable de s’occuper d’un bébé parce qu’elle ne savait même pas le faire avec elle-même. Elle avait toujours besoin de sa jumelle. C’était un fait.
« C'est sur... Personne ne peut se passer de moi de toute façon. C'est moi la mieux d'entre nous, la tête pensante... »
Julia la libéra de mon étreinte, levant les yeux au ciel tandis qu’elle faisait mime d’avoir un cerveau assez grand pour deux. Elle croisa les bras, le regard complice.
« T’es le cerveau, je suis les jambes… » confirma-t-elle. « C’est toi qui a pris toute l’intelligence dans le ventre de notre mère, moi j’ai pris la beauté, que veux-tu… »
Elle lui adressa un grand sourire. C’était faux. Peut-être pour le fait qu’elle était les jambes, mais pour la beauté, ce n’était pas vrai. Elles se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, mais Julia trouvait toujours le moyen de la voir plus belle qu’elle. Parce que Lyvia était comme un rayon de soleil.
La californienne poussa un petit soupir serein, se sentant tout de suite plus légère. C’était une bonne chose de faite. Maintenant que Lyvia était au courant, elle se sentait mieux. Elle regarda ce que faisait Cameron – toujours à se battre avec des cartons – puis décréta qu’il n’avait pas besoin d’elle – ce qui n’était pas forcément vrai – et se retourna donc vers sa jumelle.
« Allez, à ton tour. Raconte-moi les nouvelles, et tout. » lança alors Julia. « Ça se passe bien avec Amen ? Non parce que ça fait des jours que tu m’abandonnes pour squatter son appartement… »
Son ton était léger, joyeux, sans aucun reproche, juste de l’amusement peut-être. Cependant, elle le jouait. Elle n’aimait pas Amen. Elle n’avait pas un bon pressentiment à propos de lui, surtout. Mais pour ne pas faire du mal à sa jumelle, elle essayait de faire comme si tout allait bien. Comme si elle était heureuse pour elle. Au fond, elle l’était. Sincèrement. Julia était franchement heureuse qu’elle soit amoureuse, qu’elle vive des instants magiques. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiète. Elle ne pouvait pas s’empêcher de s’en faire et d’avoir peur. Peur qu’on brise le cœur de sa sœur jumelle.

Plus j'y pensais, plus l'histoire de ma soeur jumelle ressemblait à une mauvaise série américaine. Vous savez? Le genre d'émission où un des personnages meure trois fois dans cinq saisons différentes et revient toujours avec une explication bidon? Eh bien, s'il prenait l'histoire de ma soeur, il battrait les records de bizarrerie, c'était certain! « Oh, ne m’en parle pas… » répliqua Julia, presque mélodramatique. « En même temps, que veux-tu… Notre ADN est si recherchée que les demandes n’en finissent plus. » dit-il. Je ne pus que rire à nouveau. Ouais, notre ADN était le meilleur de tous! Rien de plus, rien de moins. « Le jour où ils réussiront à cloner des êtres humains, il va falloir nous cacher! » répliquais-je à la blague suivant sa lancée.


Puis, on se prit toutes les deux dans les bras l'une de l'autre. Je la serrai fort ma soeur, puisqu'elle était la personne qui comptait le plus à mes yeux, celle que je ne laisserais jamais tomber peut importe les embuches. Elle était mon tout, ma raison de vivre. « C'est sur... Personne ne peut se passer de moi de toute façon. C'est moi la mieux d'entre nous, la tête pensante... » lui dis-je en répondant à ma soeur sur le fait qu'elle ne pourrait jamais se passer de moi. Julia se libéra de notre étreinte et leva les yeux au ciel, alors que je faisais mine d'avoir une tête enflée. « T’es le cerveau, je suis les jambes… » confirma-t-elle. J’acquiesçai, acceptant cette constatation. « C’est toi qui a pris toute l’intelligence dans le ventre de notre mère, moi j’ai pris la beauté, que veux-tu… » répliqua-t-elle avec un sourire. « Si tu le dis, jumelle… » répliquais-je avec mon plus beau sourire.

« Allez, à ton tour. Raconte-moi les nouvelles, et tout. » lança alors Julia. « Ça se passe bien avec Amen ? Non parce que ça fait des jours que tu m’abandonnes pour squatter son appartement… » me dit-il sur un ton léger, sans aucun reproche. Ce ton dans sa voix m'était étranger ce qui me surprit. Pas qu'elle ne parlait jamais ainsi, mais lorsqu'il était question d'Amen, si. Elle n'appréciait pas notre relation et m'avait prévenu à de multiples reprises à son sujet. Je préférais ne pas en parlant, m’égayant à la place à l'idée de simplement parler du jeune homme.

« Amen… Je crois que je suis amoureuse de lui... Je te jure... Mais bon, j'ai peur... Peur qu'il ne m'attende pas... Cette bague, je te jure, je crois que je serais mieux de l'enlever... » dis-je, sans retenu. Ma soeur n'aimerait certainement pas ce que je venais de lui révéler. Ce que je lui disais, j'en avais déjà fait part à Iron, parce qu'à ce moment-là, je pensais qu'il ne savait pas qui était Amen et que j'allais enfin avoir un avis qui n'était pas biaisé. Mais bon, maintenant, je réalisais que j'aurais du en parler à ma soeur bien avant, celle à qui je racontais tout et n'importe quoi.

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Julia était venue avec Lyvia à New York, et elle était réellement sincère quand elle affirmait à sa sœur qu’elle ne pourrait pas survivre sans elle. C’était vrai. Depuis leur naissance, elles avaient toujours été les jumelles. Elles avaient toujours été deux. Elles avaient toujours tout fait ensemble. Savoir Lyvia près d’elle la rassurait. Elle savait qu’elle ne serait jamais seule, que sa sœur ne la laisserait jamais tomber. Julia pouvait tout faire, tout dire, mais sa jumelle serait toujours au bout pour la soutenir. Certes, il y avait des sujets où elles étaient en désaccords. Certes, elles étaient un peu comme le jour et la nuit, n’ayant rien en commun au niveau de leurs caractères hormis peut-être leur grand sens de la famille, mais cela ne les empêchait pas d’avoir une complicité sans limite. Justement, elles avaient cette manière unique de se compléter parfaitement. A elles-deux, elles étaient plus fortes. A elles-deux, elles pouvaient tout faire. Les deux jumelles Williams savaient que, peu importe l’épreuve qu’elles auraient à traverser, elles ne seraient jamais seules. Après tout, elles étaient nées en même temps. La vie voulait qu’elles restent ensemble. Toujours. Jusqu’à la fin.
Julia se mit à rire quand Lyvia affirma qu’elle était la tête pensante, et elle ne put s’empêcher de continuer sur la lancée de sa sœur en leur répartissant les diverses qualité. Poussant la blague à l’extrême, elle affirma qu’elle avait pris la beauté dans le ventre de leur mère. Chose qui était absolument fausse. Mais au moins, cela la fit rire, et Lyvia également. Ironique, elle lui rappela implicitement que physiquement elles étaient strictement pareilles, et Julia balaya sa remarque d’un geste de la main.
« Bah quoi, c’est vrai. Ta tâche de naissance derrière l’oreille fait toute la différence. » affirma-t-elle en souriant, hochant la tête pour appuyer ses paroles.
C’était parfaitement faux. Mais ça l’amusait. Après tout, serait-elle réellement une grande sœur si elle ne taquinait pas de temps en temps sa cadette de quelques minutes à peine ? Non. Elle se devait de le faire, pour la forme au moins. Et puis, Lyvia se faisait toujours un plaisir de lui rendre la pareille…
Se rendant compte que depuis le début elle parlait d’elle, Julia voulut ramener la conversation autour de Lyvia, et s’enquit d’une question qui la travaillait depuis quelques jours : comment cela se passait avec Amen. Certes, elle ne l’appréciait pas, cependant cela ne l’empêchait pas de vouloir connaître tous les détails. Alors, adoptant un ton joyeux et intéressé, elle demanda des nouvelles à sa sœur jumelle. Comme si rien n’était. Aussitôt, Lyvia s’égaya, heureuse de parler de l’intéressé.
« Amen… Je crois que je suis amoureuse de lui... Je te jure... Mais bon, j'ai peur... Peur qu'il ne m'attende pas... Cette bague, je te jure, je crois que je serais mieux de l'enlever... » annonça-t-elle de but en blanc.
Julia dut se faire violence pour ne pas automatiquement froncer les sourcils. Elle savait qu’elle était amoureuse de lui. Elle lui avait également répété une bonne centaine de fois de retirer cette bague de chasteté, cependant, maintenant qu’elle lui parlait de passer le pas avec Amen, elle se disait qu’elle préférerait qu’elle la garde. Julia avait tellement peur pour elle… Elle ne réussissait pas à faire confiance à Amen. Elle ne l’appréciait pas du tout ; elle n’arrêtait pas de se dire que Lyvia était peut-être qu’un objectif pour lui. Mais, après tout, elle avait toujours été trop protectrice avec sa cadette. Toujours.
« S’il t’aime vraiment, il t’attendra. » répondit-elle.
Sa phrase était tellement clichée. Elle le savait. Cependant, elle ne savait pas quoi formuler hormis cela, sans que cela sonne comme une insulte à l’encontre d’Amen. Julia respira plusieurs fois successives pour se détendre, puis fit un sourire à Lyvia.
« C’est toi qui vois, Lyv. Il faut juste que tu réfléchisses bien avant de faire quoi que ce soit, parce que cette bague est quand même super importante pour toi. Mais sincèrement, tu sais ce que je pense à propos de cette bague… »
Julia lui fit un petit sourire complice, dissimulant l’anxiété qui la prenait. Elle avait toujours répété à Lyvia que, même si elle respectait son choix, la bague de chasteté n’était pas la meilleure chose à faire. Mais c’était les convictions de sa sœur, donc forcément, elle n’avait pas voulu la contrarier avec cela.

"Amen" ... Même si je racontais tout à ma soeur - Et quand je dis tout, eh bien, on "tout" est un faible mot qui est bien loin de rendre le compte, le sujet de ma relation avec le jeune homme restait toujours quelque chose d'implicitement tabou. Pas que je n'osais jamais lui en parler, mais à travers les sourires de Julia se cachaient de la retenue pour ce qu'elle pensait réellement de lui. L'opinion de ma soeur jumelle comptait plus que tout à mes yeux! Mais cette relation m'appartenait et son jugement me faisait mal. Je préférais l'ignorer dans l'intérêt de notre relation. Je me demandais bien pourquoi d'ailleurs elle ramenait cela sur le tapis...

Cependant, maintenant qu'elle en parlait d'elle-même, je ne pus me retenir de divulguer ce que je ressentais vraiment pour le jeune rebelle. Julia en ferait bien ce qu'elle en voudrait, mais moi, je laissais échapper un poids. Avouer enfin à quelqu'un que j'étais amoureuse d'Amen me faisait bizarre. Je gardais cette information en moi et j'allais en exploser. Puis le sujet de ma bague vint... Je ne remarquai pas le changement d'expression soudain sur le visage de ma soeur. Peut-être essayais-je tant bien que mal de me voiler la face? Je n'en savais rien.

« S’il t’aime vraiment, il t’attendra. » me répondit-elle. J'haussai les épaules. Elle n'avait pas tort. Justement, ces trois mots n'avaient toujours pas été prononcés. Mais je ne savais pas aimer comme il faut, lui non plus. Peut-être n'en avions-nous pas besoin? Ridicule comme façon de pensée... « C’est toi qui vois, Lyv. Il faut juste que tu réfléchisses bien avant de faire quoi que ce soit, parce que cette bague est quand même super importante pour toi. Mais sincèrement, tu sais ce que je pense à propos de cette bague… » me répondit-elle avec un petit sourire complice. Alors que je pensais que Julia allait me tomber sur la tomate, encore une fois, elle me surprenait. Que je l'aimais ma soeur! Elle était parfaite!


Alors que j'allais lui répondre, Cameron refit surface en échappant une immense boîte de comics. C'en était définitivement trop pour lui. Il quémanda ma soeur qui n'eut pas d'autre choix que d'aller le secourir. J'eus un petit sourire en la regardant aller. Cette conversation était passée par toutes les surprises possibles, mais elle avait fait un bien fou.

Je pris mes comics, les fourrer dans mon sac et sortis du magasin. J'avais hâte de reparler à ma soeur ce soir. Peut-être aurions-nous d'autres histoires digne d'un soap américain à nous raconter. Probablement.