→ Ce qu'on appelle violence, ce n'est rien. La séduction est la véritable violence. Dexter avait entendu cela dans un film, car ne pensez pas un seul instant qu'il se prêterait au doux plaisir de la lecture. Cette citation, c'était exactement ce qu'il ressentait en foulant le macadam alors l'approche de cette silhouette qu'il ne pouvait oublier. Elle était celle de son frère, mais aussi de ce doux fantasme qui s'insinuait à travers chacun des ports de sa peau. Depuis l'hôpital, il vivait dans un tout autre monde où il était peut-être un monstre, mais un monstre qui sentait son cœur battre comme jamais auparavant. Depuis deux semaines sans portant montrer un changement notable dans sa façon d'être, il se trouvait à observer, à s'inquiéter et surtout s'interroger sur le bien être de son frère. Ce coup de sang dans l'avion avait accéléré son rythme cardiaque et tout lui semblait plus clair, plus simple. Ce baiser planait toujours au-dessus de sa tête, mais un soleil aveuglant en cachait les moindres coins. Les tensions des quelques minutes précédentes venaient d'être coupées au montage. Le policier s'approcha pour surprendre le professeur et ne prêta pas attention à ce besoin d'établir une certaine distance à leurs corps qui pourraient se frôler. Ce qui était important pour lui c'était de savoir si son jeu de gros dur avait porté ses fruits. « Que ? ... Oui, il ... » arriva jusqu'à ses oreilles. En observant le professeur dans cette gêne naissante, notre Bane s'inquiéta que le petit roquet soit venu lui délivrer un ultime affront. Il lâcha un claquement guttural pour marquer son mécontentement, il fallait mieux qu'il ne retombe pas sur cet abrutit de si tôt, car il commençait à avoir le point qui le démangeait. Le trentenaire décida d'ouvrir la marche, réinvitant son voisin à ce verre qu'il lui avait promis. Il avait cette peur de l'inactivité, mais aussi que le professeur le sermonne avec ses grandes notions sur la non-violence.

S'ils arrivaient les derniers, ils allaient attendre des heures pour récupérer leurs bagages. Dex' se sentait investit d'une nouvelle énergie, il aurait pu même se laisser à siffloter. « Agent Heartswood, depuis quand frapper les civils innocents fait-il partie de vos attributions ? » lui demanda le jeune Heartswood. La phrase le chatouilla comme il aimait l'être, mais ce fut le sourire en coin qu'il perçut en se tournant qui lui fit une petite pointe au cœur. Plaisanter avec son frère, c'était tout ce qu'il demandait, tout ce qu'il avait rêvé et il était hors de question de laisser son égo se prêter à leurs jeux. L'homme perdit son avance et sembla attendre son camarade de jeu. Il prit place à ses côtés, se collant à son rythme et tournant son épaisse masse vers celui qui osait remettre en cause ses méthodes. «  Il t'avait manqué de respect, pas de pitié ! Si tu ne caftes pas, je ne devrais pas avoir de problème, non ? », inclina t-il la tête avec le même sourire au coin des lèvres. Simple acte de mimétisme ? L'ancien militaire se sentait assez confiance pour tomber le masque. Notre dur au grand cœur ne supportait pas qu'on manque de respect à un membre de sa fratrie. Ils avaient leurs différents, mais personne n'a le droit de toucher un seul cheveux de son frère. Cela avait toujours été ainsi depuis qu'ils étaient enfants : Dex' était peut-être pas le meilleur des frères – et c'était un euphémisme - , il était le premier à se moquer du jeune intellectuel, mais il était aussi le premier à passer après les cours pour corriger les camarades impétueux. Le petit bagarreur qu'il était, avait toujours opéré en toute discrétion derrière le dos du cadet. L'homme savait son frère éclairé et savait qu'il se doutait de quelque chose, mais il garda le silence malgré les années.

Il espéra donc que les choses se répètent une nouvelle fois et que son cadet lui emboite le pas en silence. Toutefois, il était loin de s'attendre à l'ouragan de paroles qui allaient poindre dans les futures secondes. Il sentit portant ce vent glacé qui s'engouffra dans sa nuque - il n'y preta pas attention - et la voix d'Hendrix sonna le glas de sa joie retrouvée. « Écoute Dex, je suis navré pour le comportement que j'ai pu avoir ces deux dernières semaines. » Le visage de son frère se ferma alors qu'il tournait sa tête par pur automatisme. Non ! Il n'était pas prêt pour ce genre de déclaration. Dexter regarda avec angoisse les grandes portes grises qui se rapprochaient. Peut-être qu'une fois qu'ils les dépasseront tout pourrait être effacés ? Il se raccrocha à ce doux rêve. « Mik ... la famille ... la fatigue ... Je ne vais pas te mentir, c'est très difficile pour moi. En plus de me sentir responsable, j'ai beaucoup de mal à me faire à l'idée qu'on est plus que deux désormais. » Il déglutit à cette annonce, sa gorge n'était pas sèche, c'était le désert et il avait beau essayé de relancer son système salivaire, il sentait prisonnier. Les paroles du cadet étaient douces comme le corps laiteux d'un premier amour oublié sur le bord d'un lit. Mais, que répondre à cela ? Il avait du mal avec les démonstrations et se sentait à la hauteur dans ce qu'il pourrait dire ou faire. Ce n'était pas pour rien que le trentenaire s'était réfugié toute sa vie dans la nonchalance face aux émotions fortes. Il n'était pas le bon ami pour venir se plaindre ses malheurs, ne se sentant aucunement coupable de pouvoir offrir comme seul soutien devant un camarade mourant :  «  Tu vas mourir ? Et, alors ? Il y a plus grave, j'ai plus de bière dans le frigo. » Dans un autre cas tout aussi charmant, notre policier n'hésitait pas éconduire une maitresse plantée devant sa porte en pleurs sur le point de faire une lourde bêtise. «  C'est stupide, tu vas pas te suicider pour moi ? Écoute, prends cinq pounds et va faire des rencontres dans les bars. » Voilà, ce que notre Bane montrait au monde, un homme insensible. Pourtant, ici, son masque s'effritait et de voir Hendy' aussi le troublait complétement. Son cœur s'emballait et un frison attaqua sa peau en ébullition. Qu'est-ce qu'il aurait aimé avoir la force de s'arrêter et de simplement prendre son voisin dans ses bras. Il n'en fit rien et continua de marcher à côté du professeur, il serra lui aussi les dents, n'offrant aucun réconfort, aucune phrase magique qui pourrait faire s'envoler cette peine.

Dexter Bane tu n'es qu'un lâche et enfoiré !

Ils passèrent les portes grises, son cœur loupa une encoche et les portes se refermèrent derrière eux. Ils rentrèrent dans un nouveau sas qui offrait à sa fin des nouvelles portes automatiques. Aucune sentiment de soulagement, simplement l'envie de rendre son déjeuner. Le policier s'arrêta portant au premier signe de défaillance de son jeune frère. Puis, il ne contrôla plus rien, Dex' glissa une main sur les hanches du jeune homme pour le retenir de toute chute. Il se colla ensuite à lui pour lui offrir son corps s'il avait besoin de se retenir à ses épaules solides. Qu'est-ce qu'il était entrain de faire ? C'était mal, mais il ne pouvait fuir ce désir de vouloir le protéger. Après tout, ils n'avaient plus que l'un, l'autre. Il chercha le regard du cadet derrière cette main qu'il avait érigé entre eux. «  Je t'ai dit que je serais là pour toi maintenant. Cela me fait de la peine de te voir comme cela même si je le montre presque jamais. » Il colla son front contre celui de son voisin, l'échange de chaleur intensifia son désir de rapprochement. Si c'était cela se sentir un monstre, alors il était prêt à l'être. Le bonheur de son frère était la seule chose qu'il voulait ici bas. La mort de Mikäel, l'injustice, l'enterrement, l'image de son cercueil mit en terre, tout remonta et il se permit de poser son masque quelques secondes. «  Il me manque aussi tu sais ? Je suis désolé de n'avoir pas été le meilleur des frères. » Une larme fit son chemin de son œil au coin de sa joue. Lui, pleurer ? Il se surprit lui même, mais ne chercha pas à cacher ce sentiment si troublant. Notre Bane remonta son autre main pour la glisser derrière la nuque du professeur et serra de son épaisse main avec force. C'était bon de lâcher prise, de sentir cette eau couler sur sa joue, d'arrêter de jouer et d'enfin se sentir libre. Pourtant, l'ombre du baiser commença à refaire surface. Dexter ne pouvant se défaire des fines lèvres en contre-bas, délivrant son souffle de mâle sur la seule personne qui lui était interdit de désirer. Sa respiration se fit plus saccadé et tout explosa en lui, lâchant la bombe «  Mais qu'est-ce qui nous arrive, putain ? »

→ Code validé par O..