Un jour, tu sors de nulle part. Tu débarques dans un monde inconnu, alors que tu n'as rien demandé pour que ça arrive, surtout quand on voit ce qui t'attends. Petite fille blanche, née au sein d'une famille monoparentale, d'une mère enchainant les petits boulots pour pouvoir subvenir à ses maigres besoins, à savoir se loger dans une chambre de bonne miteuse et se nourrir de nourritures rudimentaires, ne pouvant se payer le luxe de repas goûteux. Je suis née dans une petite salle, dans un hôpital d'Atlanta, rien de particulier ou presque, puisque aux côtés de ma mère il n'y avait pas cette présence masculine qui dans la majorité des cas se prénomme "Papa". Ma mère se trouvait là dans cette salle à l'odeur si particulière que l'hôpital peut avoir, à crier de douleurs seule contre tous, dans l'espoir que ma venue au monde changerait le cours de sa vie.

Elle l'aurait peut être mieux fait de penser à deux fois avant de me voir entrer dans sa vie, puisque si elle allait enfin ne plus être seule, quitter sa solitude permanente, sa détresse et sa précarité n'allait faire que devenir plus difficile à vivre avec mon arrivée, qui allait être dur de conséquences. En effet, si au départ ma venue au monde lui avait donné ce souffle nouveau, cette joie de vivre, au fil du temps, mon éducation allait être un véritable combat quotidien, que ce soit pour m'acheter mes vêtements, ma nourriture et tout ce que l'arrivée d'un enfant entraine au sein d'un foyer.

Ma mère accumula ainsi plusieurs jobs afin de joindre les deux bouts, caissière dans un petit supermarché la journée et serveuse dans un bar le soir, elle arrivait ainsi à m'offrir le nécessaire pour que je puisse grandir en toute sérénité. De mon côté, si elle me croyait bien trop candide pour comprendre la situation, je voyais bien qu'elle se tuait à la tâche et je la voyais de moins en moins, me retrouvant souvent seule et de ce fait j'acquis une certaine maturité assez rapidement, bien trop vite même peut-être.

***

Plus je grandissais et plus ma mère se faisait moins présente, elle avait d'abord perdu son job de caissière pour ensuite perdre celui de serveuse et sa recherche de travail n'était pas fructueuse, jusqu'au jour où elle croisa la route d'un homme qui lui proposa un job qu'elle me présenta comme celui d'hôtesse chargée de l'accompagnement de riches hommes d'affaires. Bien entendu il me fallut pas bien longtemps pour comprendre qu'il s'agissait enfaite d'un job d'escort girl, c'est à dire que ma mère vendait son corps, sa présence, son temps contre de l'argent pour des hommes pleins au as avide de sensations répugnantes. Je n'avais jamais osé lui avouer le fait que je savais ce qu'elle faisait, ou bien même jamais osé lui faire face et lui demandé d'arrêter. Je savais que ce qu'elle faisait était mal et mal vu, mais je savais aussi qu'elle faisait ça pour moi, c'était d'ailleurs ce qui me faisait le plus mal, être la cause de sa futur perte.

En parlant de perte, je n'aurais pas pu mieux cibler la chose. Puisqu'un soir où nous nous trouvions toutes les deux dans notre petit appartement dans lequel nous venions tout juste d'aménager depuis quelques semaines, voilà qu'on frappa à la porte. Ma mère se leva et j'entendis durant de longues minutes le ton de sa voix grimper au fur et à mesure. Me rendant compte que la situation se voulait de plus en plus délicate, je me dirigeais à mon tour vers la porte où j'aperçus alors un homme au regard froid et meurtrier demander à ma mère de venir travailler ce soir pour un de ses gros clients. Ma mère lui tenait tête et lui fit comprendre qu'elle ne viendrait pas ce soir, qu'elle resterait à mes côtés. L'homme s'avança alors dans l'appartement en poussant ma mère brusquement sur le sol. Me croisant du regard, ma mère me fit comprendre d'aller me cacher dans le placard du couloir. Hésitant de longues minutes, j'exécutais finalement son ordre et finit par me cacher dans le fameux placard. De ma cachette je vis alors l'homme devenir encore plus violent, frappant ma mère au visage avant même de venir à poser ses mains à son coup et à l'étrangler de toutes ses forces … Il s'en allât alors aussi rapidement qu'il fut arrivé nous laissant à nouveau seules. Sauf que la situation n'était plus tellement la même, étant donné qu'une fois auprès de ma mère étendu sur le sol, je réalisais rapidement qu'elle se trouvait sans vie.

Ma mère venait donc bel et bien de se faire tuer par cet homme inconnu à mes yeux, inconnu ou presque. Je savais juste que c'était l'homme qui lui avait offert son boulot actuel, celui qui nous avait permis d'avoir une vie meilleure, du moins matériellement parlant. La situation fit que je fus envoyé chez ma grand mère qui fut ma tutrice légale après le décès de ma mère. Je n'avais que dix ans, mais je comprenais déjà très bien comment la vie fonctionnait. Il y avait les bons et les mauvais, il y avait des choix à faire et à ne pas faire et c'est ainsi que depuis ce jour là, je m'étais promis de faire en sorte de faire pencher la balance vers le côté du bien, établir un équilibre positif … et surtout punir ce genre d'acte auquel j'avais pu assister avec l'assassinat de ma mère.

***

Ma vie avait donc bien changé, voilà qu'aujourd'hui mon passé avait bel et bien prit une par sur mon présent puisque après plusieurs années d'études et de choix multiples, je me retrouvais détective dans l'une des brigades les plus opérationnelles de New York. Durant toute mon adolescence je m'étais construis cette carapace qui faisait de moi aujourd'hui une jeune femme forte et sans craintes. J'avais appris les différents sports de combats, boxe, arts martiaux, j'avais appris à ne pas m'intéressait aux choses futiles de la vie et plutôt me consacrer sur des décisions qui ferait de moi une personne meilleure.

Je fais donc partis aujourd'hui de la brigade de New York et au fil du temps je me suis vu monter en grade, devenant ainsi détective du département chargé des différentes agressions de la ville. Beaucoup de personnes me perçoivent comme une fille ayant trop de responsabilités, mais beaucoup ont aussi vu en moi un potentiel certain et c'est pourquoi mon travail me tient particulièrement à coeur. Je suis dévouée à mon job et ça personne ne pourra me l'enlever. Je sais que j'en fais parfois peut être trop, que je passe trop de temps au bureau, mais ça me permet d'enfouir toujours plus profond cette blessure, celle qui me fait tant de mal. Ma mort est morte à cause de moi ou du moi pour moi, pour nous, pour qu'on puisse avoir une vie meilleure et c'est pourquoi en me tuant au boulot, j'espère pouvoir un jour la venger en attrapant ce type qui l'a assassiner sous mes yeux d'enfants.

New York est donc pour moi la ville d'un nouveau départ, la ville dans laquelle j'espère pouvoir grandir encore personnellement et professionnellement.

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