- Avec Plaisir, répondit donc la jeune femme, tout en plaçant sa main dans la mienne, ce qui me permit de l’amener sur la piste de danse qui n’était pas très loin de l’endroit où nous nous trouvions. Nous nous mîmes ensuite en position pour commencer à danser ce tango, ma main droite délicatement posé sur son omoplate gauche et ma main gauche tenant sa main droite, tandis que nos hanches se collaient l’une à l’autre. Je fis ensuite le premier pas qui démarrait cette danse de salon plutôt compliquée, mais que je connaissais très bien grâce à la pratique. Et bien que je trouvais le tango très joli, il ne faisait pas partie de mes danses préférées qui étaient le quick step, le jive, le cha-cha et le paso doble et que je maîtrisais autant l’un que l’autre. Après tout, un vrai gentleman se devait de savoir danser toutes danses de salon (bien que le jive faisait partie des danses rock).

Nous virevoltâmes sur la piste tels des professionnels, mes mains et mon corps conduisant la jeune femme au millimètre près, et je devais dire que j’étais très heureux d’être tombé sur une danseuse hors pair, car il était bien évidemment beaucoup plus agréable de conduire une femme qui savait danser plutôt que quelqu’un qui n’était pas doué avec ses pieds.

Elle manque de s'étouffer en entendant son nom. Il faut dire qu'elle ne s'attendait vraiment pas à croiser quelqu'un qu'elle connaisse à cette fête. Déjà qu'elle ne connaissait pas grand monde à New-York alors réussir à tomber sur une voix familière était un miracle. Elle se retourne lentement et ne tarde pas à distinguer l'identité de la jeune femme qui vient d'apparaître à sa gauche. Combien de chance y avait-il pour qu'elle tombe sur sa patronne à une soirée comme celle-ci ? Si elle y avait réfléchi un peu plus, c'était tout à fait cohérent. Le bal réunissait tout le gratin de la société new-yorkaise et Meredith n'échappait pas au lot.
- Bonsoir Meredith. Non, je n'attendais personne, vous ne me dérangez pas.
La blondinette retrouve un peu de constance en acceptant avec un sourire le verre qu'elle lui tend et qui remplace le sien déjà vide. Un silence s'installe un peu entre les deux femmes qui ne se sont jamais côtoyées ailleurs que dans le cadre du travail.
- Vous pouvez m'appeler Liz vous savez. Je préfèrerai en fait.
Elle lui adresse un nouveau sourire, poli mais chaleureux. Après tout elle travaille à B&B depuis plusieurs mois maintenant et espère bien garder sa place un long moment alors autant que le climat se détende un peu entre elles.

Les gens dansaient, buvaient, s'amusaient. Payton aussi, mais juste un peu. Ce genre de soirée était sympa si on y allait pas seul, mais là, elle n'avait eu envie de contacter personne ce soir. Mauvaise idée.

Alors pour le moment, elle se contentait de discuter de manière superficielle quand quelqu'un l'abordait, buvant une coupe de champagne de temps en temps, regardant la piste pour y voir les danseurs qui s'en donnaient à coeur joie, plus particulièrement une blonde et un beau brun. C'était intéressant à voir.

Oh, elle ne s'ennuyait pas, mais ne se lâchait pas non plus à fond comme elle le faisait d'habitude en soirée, elle était un peu plus réservée. Comme elle l'avait pensé en premier, elle aurait dû aller au cinéma en plein air, c'était plus son trip ces derniers temps. Et il fallait dire qu'elle aurait aimé croiser son séduisant voisin de l'étage en dessous du sien : un grand blond au sourire ravageur.

Enfin ! Il était temps de tirer sa révérence pour la soirée ici ! Sans se retourner, Payton délaissa la place encore bourrée à craquer de gens et s'en retourna dans ses pénates. Il serait toujours temps de se radiner au cinéma en plein air ou ailleurs. Elle verrait une sortie mieux organisée pour la fin de la semaine prochaine avec des amis.

- A Masked ball -

AND MEREDITH IS FUCKING NOT AMUSED.

Meredith porta un regard blasé sur les différents convives qui passaient dans son champ de vision; même pas critique, juste désabusé par l'ennui. Ce n'était pas le problème de ne connaitre ou reconnaitre personne, c'était juste qu'elle trouvait l'ambiance plate et les gens inintéressants. Ou peut-être était-ce simplement elle qui était une femme qui n'avait rien à dire, déplacée dans le cadre de cette soirée. La rousse se contenta de hocher de la tête pour saluer son employée, rien de plus. Juste polie, un peu distante, lui tendant son verre avec nonchalence. Elle ne répondit pas au sourire; c'était inutile.

"Hm, je vois", fit Meredith en haussant un sourcil.

Venir ici seule? Quel intérêt? Elle-même n'en avait aucun. Que faisait Tunsdale seule dans cette soirée où en général l'on vient plus en couple, ou entre amis? Elle était surement célibataire, ou alors du genre solitaire. La rousse ne savait pas et s'en moquait un peu: la vie de ses employés ne la regardait pas. Alors qu’un lourd silence s'installa entre elle, Meredith retint de l'appeler Liz. Elle n'aimait pas les surnoms, trop formelle d'éducation; elle, elle utilisait les noms de famille, donnait du madame et du monsieur. Mais soit.

"J'ai une furieuse envie de vous parler de vos entretiens sur les licenciements de mardi, mais je me suis promise de ne pas parler travail ce soir."

Elle la fixa au travers de son loup, sans expression facial. Le visage tait le masque premier, inerte.

"Je n'ai aucune idée de quoi vous dire, en fait", elle haussa vaguement des épaules, visiblement maussade, "je vais vous laisser, je pense."

La grande rousse détalla encore une fois le paysage de cette soirée où elle ne se sentait pas à sa place. La sociabilité ne lui allait pas au teint, femme rude et directe, concrète, un peu trop rêche. Elle avala tout rond le contenu de son verre et salua son employée de la tête, commençant à s'en aller. Une idée lui prit l'esprit et elle jeta un coup d’œil à Liz.

"Vous aussi vous vous faites chier, en fait?"

Si Meredith l'impressionnait beaucoup lors de son embauche à B&B, à présent la jeune femme la trouvait simplement attachante même si son caractère un peu rude en froissait plus d'un. Mais avec un passé comme celui de Liz, il ne fallait pas espérer pouvoir l'atteindre avec si peu. Elle se contente de hocher de la tête en sirotant sa nouvelle flute de champagne en entendant parler des licenciements. Une affaire vite réglée mais bien réglée, comme elle aimait que ça le soit. Mais il n'y avait rien à en dire. Ces hommes étaient d'un désagréable à vous en faire perdre vos mots, tellement vexés d'avoir été renvoyés par une femme qu'ils ne pouvaient se défendre qu'en essayant de la mettre à terre. Stupide sexe masculin. Si les femmes avaient été aussi stupides et faibles que ça, il y a bien longtemps qu'elles auraient arrêté de gravir les échelons sociaux.
Elle se perd un moment dans la contemplation de la foule, maudissant encore ses amis qui avaient tellement insisté pour qu'elle se bouge un peu, qu'elle prenne l'initiative d'aller vers les autres. Quelle grande idée ... La voix de Meredith manque à nouveau de la faire sursauter mais elle reste stoïque face à ses propos, un peu amusée malgré tout par son ton si profondément ennuyé qu'elle ne cache son état d'esprit à personne. Mais la seconde remarque est celle de trop et elle ne peut retenir un rire sincère et net. Bien sûr qu'elle se fait chier. Elle ne connaît personne et n'attend que le moment opportun pour fuir cette soirée de solitude.
- Et comment ... Vous voulez qu'on aille dans un endroit moins chiant ?

- A Masked ball -

AND MEREDITH IS FUCKING NOT AMUSED.

Meredith n'aurait pas du venir; sa déprime actuelle lui rendait tout vain et elle ne trouvait même pas le sens de sa venue à cette soirée. Autant rester chez soit plutôt que de baver sur le sens des valeurs de ceux qui parvenaient à s'amuser. C'était peut-être de la jalousie. Ou du masochisme social, elle ne savait pas trop. Dans la foule, il lui semble reconnaitre sans reconnaitre une silhouette familière d'une brune dont la forme de la bouche ne lui est pas inconnue. Elle plissa les yeux et soupira. Ce devait être Dylan. Toujours des histoires d'actes manqués. Si elle avait osé accepter son intérêt pour les femmes plus tôt, est-ce que cela aurait marché, ou un peu mieux marché avec Dylan? La rousse ne savait pas; avec des "si", on refait le monde dans son canapé, on met New York en bouteille. On spécule et finalement, on ne fait rien en définitive que de se plonger dans ses vieux regret.

Le rire franc de Liz la sortit de sa rêverie torpide et Meredith se tourna un peu vers elle, guère étonnée, ni même décontenancée, toujours avec cet air maussade sur le visage. Elle soupira, ôtant son loup qu'elle trouvait inutile et gênant, se retrouvant seule personne à visage découvert parmi tout les invités masqués, et regarda longtemps la blonde.

"Allons dans un endroit moins chiant."

Elle avait assez porté de masque jusqu'ici, et cela commençait à la fatigué. Alors simplement elle jeta le sien dans un coin avec une négligence extrême, dans une précision dans le geste qui donnait l'impression qu'elle faisait par là plus une allégorie de son coming-out que le jet d'un masque. La rousse se dirigea vers la fond de la soirée pour s'en aller, attendant Liz sans l'attendre, avec sa démarche habituelle.

"Du moment que vous choisissez l'endroit, tout me va."

Elle n'avait pas envie de penser. La trentenaire passa non loin du bar, saluant à visage découvert Dylan qui se trouvait au bar puis s'en alla. La soirée n'avait pas de sens; elle ignorait si elle en aurait plus en allant ailleurs, en étant accompagnée.

Aucune invitation concrète omis celle de la ville elle-même. Faut dire que Logan était débordé par son stage et qu’il avait très peu de temps à consacrer aux autres. Pour l’instant, ses patients étaient toute sa vie et ce n’était pas nécessairement une bonne chose. C’est pourquoi le beau brun avait décidé d’enfiler ses plus beaux habits et son loup pour aller à cette grande fête qui s’annonçait assez prometteuse. Peut-être allait-il rencontrer des personnes qu’il connaissait, mais si tout le monde portait leur plus beau masque, il allait certainement être difficile de se reconnaître.

Une fois rendu à Central Park, Logan comprit qu’il n’était pas le seul à avoir répondu à cette invitation et espérait que ce ne soit pas tous des couples. Non pas que le jeune homme était venue ici pour trouver l’âme sœur, mais il espérait trouver une personne avec qui partager ce moment festif.

Effectivement, avec toute cette population qui grouillait dans Central Park, ce qui devait arriver, arriva ; Une femme le bouscula clairement sans faire exprès à cause d’un autre homme.

« Regarde où tu mets les pieds quand même. » Dit-il à l’homme qui lui jeta un regard noir.

Logan baissa un peu les yeux vers la jeune femme qui portait son loup.

« Ce n’est pas de votre faute, je vous pardonne » Dit-il avec un petit sourire aux coins des lèvres.

Mon portable vibrait dans mes poches alors que j'étais chez-moi. C'était un SMS d'un de mes clients régulier. « Bal masqué, Central Park, Tu vas te faire un max d'argent. J'ai un masque comme dans V pour Vendetta, trouve-moi. » Un bal masqué ? Je devais être habiller propret et porte un masque donc ? Merde. Je devais y aller, Dash et Oak n'étaient pas là, je devais prendre la relève. J'entrais en tombe dans la chambre de Dash dans le but de trouver un quelconque masque. Il devait avoir ce genre de trucs, c'était obligé. Tout ce que je trouvais fut un masque couvrant tout le visage représentant un crâne de squelette qu'il avait porté l'an dernier pour l'halloween. J'aurais peut-être l'ai décalé, tant pis. J'enfilais mon pantalon et ma veste noir par dessus un simple t-shirt blanc. Les poches pleines de trucs à vendre, je prenais le métro. Arrivé sur place, c'était le bordel complet. Trouver une tête parmi cet amas de masque, c'était mission impossible. Surtout à travers les deux minuscules trous qui me servaient d'yeux. Je ne reconnaissais personne, j'étais mal barré. Je n'osais pas encore me faufiler parmi la foule, j’agrippais mon portable pour envoyé un message afin qu'il se mette à me chercher aussi. « Je viens d'arriver, j'ai choppé un masque de tête de mort à mon coloc. Éloigne toi de la foule, tu vas me trouver. » Je remettais mon portable dans mes poches, croissant mes bras sous ma poitrine alors que je n'attendais. Pourtant, je ne l'attendrais pas une éternité. Si dans une dizaine de minutes il n'était pas là, il n'aurait qu'à courir partout pour me trouver.

Je tentais d’avancer, de reconnaître quelqu’un dans la foule. Je n’avais pas un besoin pressant de devoir entamé la discussion avec quelqu’un, sauf qu’être complètement seule dans une foule de monde qui se tenait pas la main et qui discutait, je me sentais encore plus seule qu’à l’habitude. Je n’étais pas non plus très pressée, il n’y avait personne qui m’attendait et à minuit tapante, ma robe d’été n’allait pas se transformé en haillons d’esclave, alors il n’y avait pas d’inquiétudes à avoir sur ce point-là. Je me mordis quand même la lèvre, sous le signe du stress. Je n’étais pas réellement bien dans une foule complète, non je ne souffrais pas d’agoraphobie sauf que j’étais assez gaffeuse pour foncer dans quelqu’un ou bien d’entraîner quelqu’un avec moi dans la mort pour quelque chose de plutôt ridicule. Je poussai un long et profond soupir, tentant de garder l’équilibre, lorsque mon pied buta sur quelque chose, où j’eus un petit geste avec mes mains, telle une funambule qui tente de garder son équilibre précieux pour rester en vie. Puis, à force de tenter de quitter la foule, un homme me poussa légèrement et ça ne prit pas grand-chose d’autre, pour que j’aille foncer littéralement dans quelqu’un. Je tentai de reprendre mon équilibre et fit une petite grimace lorsque l’homme dans qui je venais de foncer prononça un : « Regarde où tu mets les pieds quand même. » qui ne donnait pas envie d’aller partager un thé avec lui, ensuite de tout cela, pour l’autre homme. Je passai une main dans mes cheveux, rehaussé par le masque, sur ma tête, tentant de les remettre correctement. Puis, il me mentionna qu’il me pardonnait. J’eus un petit sourire en coin, légèrement mal à l’aise par la situation. « Je suis désolée, je suis du genre maladroite. Je crois qu’un jour, ça va finir par me tuer, d’ailleurs. Disons, que je ne serais pas étonnée. » Je poussai un petit soupir et le regarda sans réellement penser à vouloir deviner qui se cachait derrière le masque, je préférais nettement me laisser porter au jeu. C’était beaucoup plus amusant. « Mais quand même, merci d’avoir remis à sa place cet homme. Vous avez évité que je sorte mes griffes, quoi. » J’éclatai de rire, tentant de placer de l’humour un peu.

Je n’avais pas tellement prévu d’aller au bal costumé, de une parce que je ne me souvenais plus de la date et que j’avais perdu mon invitation, de deux je n’avais pas de costume. Si encore ça avait été « Bal Déguisé » là ça aurait été sympa, j’adore me déguiser, mais « Costumé » ça fait un peu genre c’est super cool, mais en fait non, c’est juste qu’il faut être bien habillé comme si on allait au mariage de la fille à Oncle Garfield. C’est chiant quoi. Mais Dallila m’avait sonné pour me demander si j’y allais, alors forcément, je devais y aller. J’avais mis un pantalon noir, un marcel blanc avec une veste cintrée noire par-dessus. Pour le masque en revanche, j’ai eu davantage de soucis. Mais après avoir massacré un de mes T-shirts, j’avais quelque chose. Enfin, une sorte de bande noire avec deux trous à la Zorro quoi. Mais j’étais costumé. Un coup de tondeuse dans les cheveux et c’était parfait. Je n’y allais sans idée en tête, si ce n’est faire de nouvelles connaissances mais au fond, je n’étais pas sûr de m’y amuser parce qu’en général, les bals, c’est pour les couples. Que ce soit pour conclure ou rompre. Bref, arrivé sur place, je jetais un rapide regard sur l’assemblée. Robes, Costumes à plusieurs K$, loups de tarés, tête de mort…Heu tête de mort ? Il avait pas compris la différence entre déguisé et costumé. J’avais pas terminé de penser que j’allais le rejoindre. Un mec qui se pointe avec une tête de mort sur la tronche, c’est un mec cool ou alors un con. Mais les deux cas, c’était bon pour moi. Sans demander son avis, je me plantais à côté de lui et cherchait du regard avec lui. Je ne savais pas ce qu’il recherchait mais je l’aidais activement. « Il a une cavalière Jack Skellington ? »

Planté au milieu de la foule, un verre à la main, je me demandais sincèrement ce que je foutais là. Honnêtement. Jamais je n'aurais dû venir. Jamais. Quelle idée aussi, d'écouter Raleigh ! "T'inquiète, tu as besoin de te changer les idées", qu'elle avait dit. Ben tiens. Elle était caustique, la Blondie. Me changer les idées, c'était mission impossible. Je ne pouvais pas arrêter de penser à elle... Tout semblait tellement vide de sens quand je ne l'avais plus avec moi. Elle était mon GPS dans la vie, mon seul moyen d'avancer. Et voilà que je me retrouvais privé d'elle. A cause de moi. Encore. Voir tous ces couples me retournait l'estomac. Je me passai une main dans les cheveux et vidai mon verre. Il fallait que je trouve quelqu'un à qui parler... Et si je mettais la main sur Raleigh, elle allait entendre parler du pays. Sincèrement, j'aurais préféré qu'elle me demande de garder Romy, pendant qu'elle allait au bal.

Je me glissai à travers la foule, espérant enfin trouver quelqu'un à qui adresser la parole. Si dans un quart d'heure, j'étais encore aussi paumé, je rentrerai chez moi et basta. Fini pour moi, les bals. Je finis par apercevoir une silhouette bien connue. Effie. Celle-là, je ne la sentais que moyennement. Mais ce n'était pas le problème. Si Effie était là, peut-être qu'Ondine également. Je ne savais pas si je voulais la voir ou pas. Je ne savais pas si je supporterai de la croiser.

Plus mes yeux se promenaient de tête en tête, plus j'avais du mal à trouvé mon client. Et si tout cela n'était qu'une putain de blague ? La foule avait l'air emplie de gamins riches pourtant costard, robes et loups à plumes et paillettes, vous voyez le genre ? Par de trace d'Anonymus ici. Je commençais à rager sans même sentir une présence à côté de moi. Ce fut sa voix qui m'alerta, me faisant sursauter alors que je cessais ma recherche visuelle. « Il a une cavalière Jack Skellington ? » Je posais mon regard sur le jeune homme qui semblait avoir eut tout autant de difficulté que moi à se trouver un masque convenable. Au moins j'étais incognito et s'avait pour effet d'attirer les gens, du moins avec ce mec, ça semblait avoir marché. Je souriais derrière mon masque de diable mexicain alors que je scrutais celui que j'avais devant moi. Il m'avait l'air mignon. Ses petites lèvres pâlottes m'avaient l'air appétissante, quoi qu'un peu jeune pour moi. J'étais venu ici principalement pour le business, mais je pouvais tout de même me permettre de m'amuser un peu.

« Sally ne me comprenait pas alors je l'ai brûlée. » Dis-je à travers les trous de mon masque alors que je m'étais retourné complètement vers lui. « Et toi Zorro, tu me ramène en Californie ? » La Californie ? Même si on me payais, je n'y retournerait jamais. J'avais tout de même trouvé amusante ma blague qu'il ne comprendrait peut-être pas étant donné qu'il n'avait aucune idée de qui je pouvais être. Par contre, je crevais sous ce masque, je risquais de ne pas être anonyme bien longtemps.

Je m’accroupis à ses côtés en entourant mes jambes de mes bras tout en regardant les gens passer. Mais avant de préciser quoique ce soit d’autres, sachez que dans cette position, je savais tenir des heures durant et qui que se cachait derrière cette tête de mort, j’espérais pour lui qu’il avait de la patience, parce qu’il était l’heureux élu de ma petite loterie personnelle. Le mec se tourna vers moi pour me répondre, ce qui était déjà un bon point, mais en plus, il avait de l’humour. Enfin, je crois. « Et elle était vivante ou morte ? Pour la Californie, ça dépend avec qui je ferais le voyage mec. ». Ouais mais quand on me tendait la main, j’abusais cash. Mais c’était un peu comme ma raison de vivre. Je continuais alors à regarder autour de moi, à la recherche de celui ou celle que Jack attendait et, sortait une cigarette, je la coinçais entre mes dents à la recherche de mon briquet…Mon briquet…Putain il est où ? La dernière fois que j’avais fumé c’était quand ? A l’appart’. J’étais habillé comment ? Ah oui, rien. Putain de merde. Je l’ai oublié. Je levais la tête sur lui. « Tu peux m’allumer ça aussi, alors ? ». S’il avait brûlé Sally, il devait bien avoir de quoi l’allumer. Logique. Passons sur les petites allusions. Je ne fis pas l’effort de me relever, je m’attendais vraiment à ce qu’il vienne directement à moi. Je ne fis pas attention au mec s’approchant de nous d’un air méfiant.

Je fixais le gamin s'accroupir pour s'asseoir à côté de moi alors que j'étais toujours debout. Toute mon attention était sur lui. Tant pis pour le client, il n'aurait qu'à répondre à mon message pour m'avertir de l'endroit où il se cachait. En attendant, je trouvais que le petit justicier masqué avait de la gueule. « Et elle était vivante ou morte ? Pour la Californie, ça dépend avec qui je ferais le voyage mec. ». Je rigolais doucement derrière mon masque pour ensuite lui répondre avec un sourire charmeur qu'il ne voyait pas. « Brûlée vive, elle me cassait les pieds. Et la Californie, c'est un endroit de merde, tu ne veux pas y retourner, crois-moi. »

Je m'impatientais alors que je relevais le regard quelques instant pour cherchant dans la foule. Mon regard ni resta pas longtemps, trop attiré par l'inconnu sur qui mes yeux ses rivaient de nouveau pour apercevoir une clope entre ses dents. « Tu peux m’allumer ça aussi, alors ? » Je rigolais encore, il me tendait une perche que je ne pouvais que saisir à belles mains. Fouillant dans ma poche de veste où je rangeais mes clopes pour en ressortir mon briquet. Je me penchais pour lui allumer sa clope, j'en profitait pour la lui voler, relevant quelque peu mon masque pour l'apporter à mes lèvres avant de ne lui dire.

« J'peux t'allumer autre chose si tu veux... » Un sourire fendait mes lèvres maintenant visible tandis que j'entendais des pas venir vers nous pour voir Sir Vendetta qui approchait. Je remettais la cigarette entre les lèvres de l'inconnu pour me relever, crachant ma fumée par le trou de mon masque que je venais de replacer. « J'dois filer, bonne soirée. » Je m'éloignais déjà vers mon client alors que nous nous empressions d'aller dans un endroit un peu moins éclairé.

Je savais que je faisais grande impression sur les gens dès le premier regard, que j’étais doté de ce foutu charisme me rendant particulièrement attirant sans pour autant être doté d’un sourire de Golden Boy Américain et surtout, je savais que je m’étais mis ce type dans la poche. Et bien que je ne puisse voir son visage, je sentais malgré tout son regard me reluquer. Vas-y saute moi dessus tant que t’y es, je dirais rien. J’étais trop fort en fait (un peu arrogant aussi, mais soit) mais au fond, j’aimais bien l’idée qu’il puisse me mater courageusement planqué derrière son masque. Pour mon égo. J’aurais aimé le voir moi aussi par contre, histoire de voir s’il en valait le coup ou non. J’eus un petit sourire de coin quand il m’expliqua l’avoir brûlée vive, c’était cool, c’était la réponse que j’attendais en revanche, je levais un sourcil quand il m’expliqua que la Californie c’était la loose. Est-ce que j’avais vraiment une tête à en avoir quelque chose à foutre ? Je préférais ne pas répondre. On aura qu’à dire que je suis le Zorro de New-York et puis voilà. « Bon et sinon, t’attend qui pour de vrai ? » dis-je en changeant de sujet relevant la tête vers lui, offrant la vue de ma gorge nue. J’aimais me mettre bas ainsi, donner la sensation que le mec contrôlait la situation, qu’il avait la supériorité. Je crois que j’étais d’humeur gay ce soir. Ça devait être l’effet du costume. Il me vola ensuite ma clope en remontant son masque sur son visage, n’en dévoilant que le bas, le contour de sa mâchoire et ses lèvres charnues. Faites juste qu’il n’ait pas un putain de strabisme ! J’eu un petit rire hein-hein « Entre nous, j’ai pas l’impression que ce soit moi le plus allumé des deux-là, si tu veux mon avis ». Je le provoquais, et il courait. Mais c’était cool. Je l’aimais bien ce type à la tête de mort. Je me demandais si je devais lui montrer mes tatouages, peut-être qu’il aimerait. Il me rendit ma clope, mais elle ne m’intéressait plus tellement, en revanche, un type vint nous déranger, et surtout, vint me piquer mon jouet, ce que je n’entendais pas de cette oreille. Je bondis sur mes pieds et suivais leurs pas, comme un petit chien. « Attend mec, si déjà, je veux être de la partie moi aussi »Je me tournais vers Vendetta qui semblait nerveux. Je me mis à rire. « Ah toi non plus t’as pas compris le thème de la soirée ? Tant qu’on y est, t’aurais pas vu Masque-de-Fer ? ». La vérité, c’est que je voulais mon jouet pour moi tout seul.

Xavier resta un instant immobile au bord de la piste de danse, le visage impassible derrière son masque blanc. Il repensait à cet instant où ils s’étaient embrassés, ça avait été presque violent. Leur baiser avait exprimé toute la passion qu’ils avaient eu l’un pour l’autre tout au long de la préparation du spectacle et surtout, toute la tension que la pièce leur avait procurée. Et la voir à présent en train de danser avec ce guignol, cela lui donnait la nausée. Cette envie de vomir le quitta rapidement pour laisser place à une autre sensation plus violente dans l’ensemble de son corps, portant à ébullition son sang jusqu’au plus moindre vaisseau. Le mélange entre la colère et l’indignation et, comme métamorphosé, il sembla se redresser davantage et reprendre conscience de qui il était et surtout ce qu’il était. Un putain de danseur. Oubliant tout ce qui l’entourait, il se fraya un chemin parmi les danseurs et d’un geste brutal, dégagea Carlos de Candice. Celui-ci allait sans aucuns doutes se défendre ou du moins protester mais Xavier se contenta de lever son masque pour croiser son regard d’un air glacial. En d’autres mots, son regard bleu lui signifia qu’il ferait mieux de ne rien tenter sinon il le tuerait à mains nues. A peu de choses près. Il baissa à nouveau son masque sur son visage avant de se retourner vers Candice et sans lui demander son avis, repris sa place auprès d’elle, lui glissant cependant quelques mots à l’oreille « La moindre des choses c’est de danser avec un vrai danseur sur cette musique, tu ne crois pas ? ». Et sans aucuns doutes, il l’était. Il avait travaillé dur pour parvenir à ce niveau, mais il n’y avait qu’avec Candice qu’il pouvait atteindre un niveau supérieur encore. Candice n’était pas juste une bonne danseuse, elle était excellente et entre eux, une symbiose parfaite. Comme s’ils avaient été créés pour danser ensemble. Et quoiqu’il se passe entre eux, lorsqu’ils dansaient nul mensonge ne subsistait, ils étaient mis à nus. Et quand la musique cessa, il l’embrassa comme six ans en arrière, avec une fougue et une détermination qu’il savait bien cacher en temps normal. Il se recula quand une autre musique reprit…

Je m'étais éloigné, tendant de faire un deal avec le jeune homme. Je pourrais toujours retrouver Zorro dès que j'aurais terminé, s'il était encore de la partie. Avec nos masques, on avaient la classe. Je lui vendais sa drogue alors que ni vu ni connu nous nous cachions sous nos masques. Je ne tardais pas à lui murmurer un petit « C'était trois ''E'', c'est bien ça ? » J'allais ajouter qu'il devait me faire de la pub auprès de ses copains étant donné le déplacement, mais la voix du type que je venais de planter résonna derrière moi. « Attend mec, si déjà, je veux être de la partie moi aussi » Fuck, qu'est-ce qu'il fichait là celui-là ? J'avais voulu m'éloigner pour ne pas mêlé ce parfait inconnu à mes histoires de drogues. Pourtant, il n'était certainement pas un agent double envoyé par la police New-Yorkaise. Il rigolait avant de s'exclamer : « Ah toi non plus t’as pas compris le thème de la soirée ? Tant qu’on y est, t’aurais pas vu Masque-de-Fer ? ». Si s'avait été genre Effie sur mes talons, elle m'aurait énervé et je l'aurais probablement claquée, mais ce mec me faisait rire. D'ailleurs j'eus du mal à réprimer mon rire avant de ne fixer de nouveau mon regard sur le client qui voulait son deal. Je tendais ma main pour qu'il me donne l'argent alors que je scrutais autour pour voir si nous n'étions pas observés. Il semblait être mal à l'aise par la présence de Zorro, mais pas moi. Il me fila le fric alors que je sortais trois sachets pour lui donner discrètement. J'attrapais ensuite mon nouveau petit chien par le coup pour m'enfuir plus loin avec lui. J'en avais marre, j'avais chaud. Je retirais mon masque pour lui dévoiler mon visage avec un sourire plus que charmeur.

« Tu veux quelque chose ? C'est la maison qui offre. » Phrase de drague à la Amen pour rendre mes proies défoncés et les entraîner sous la couette plus facilement. Je ne me cachait aucunement, j'étais un dealer et je l'assumais. De toutes façons, s'il ne faisait qu'allusion au fait qu'il pourrait me dénoncer, je lui ferais payé en lui coupant la langue ou pire.