Ça ne me plaisait pas qu’il me laisse en plan- à, encore moins avec l’autre type qui avait un masque plus cool que le mien ce qui en soit n’avait rien de compliqué. Mais je n’étais pas prêteur et le mec, je l’avais repéré avant. Rien à foutre qu’il attendait l’autre ou pas. Moi d’abord. J’aimais être le centre de l’univers parce que j’étais le centre de l’univers, le mien en tout cas et bientôt aussi celui de ce mec. Eh ouais, j’étais comme ça. Mais sérieusement, qui résisterais à mon joli sourire innocent et mes grands yeux mignons ? Bref, je l’avais donc suivi sans me gêner le moins du monde, bien décidé à récupérer mon jouet et voir ce qu’il fabriquait. Je l’aimais bien, parce qu’il avait ce côté un peu sérieux, un peu décalé, le genre de mec à faire des affaires illégales. Je n’avais pas l’intention de le dénoncer ou lui casser son marché, mais je préférais qu’il fasse son marché une autre fois. J’étais un peu capricieux pour tout vous dire. Le secret, c’est de faire l’innocent, jouer au con, ça marche bien, et en effet, Vendetta s’éloigna rapidement. Bon débarras. Tandis qu’ils échangèrent leurs affaires, je fis Haut-les-mains « Pas de panique, je ne dirais rien, mais ça ne sera pas gratuit ». En nature. Ils auraient pu échanger des organes volées que je n’aurais rien dit non plus. Je m’en foutais. Quand mon copain me tira avec lui, j’en fus tout heureux, ouaf-ouaf, j’étais docile. J’en aurais presque remué l’arrière train quand il enleva le masque. Pas de strabisme. Plutôt pas mal le mec même. J’avais le flair. J’eus un sourire parfaitement innocent quand il me demanda ce que je voulais. « Elle a quoi à m’offrir, la maison ? ». Je ne voulais pas de sa came, je n’avais jamais été porté sur la drogue. Eh ouais, je ne suis qu’un petit jeune moi, je me préserve. « Bon et sinon, c’est quoi ton nom ? Jack ça te va pas trop sans le masque. On va ou ? » Oui parce que pour lui, ce soir, ils étaient devenus « on ».

J'entraînais ce mec charmant à ma suite, espérant ne pas être encore tombé sur un hétéro qui m'aurait berné avec son petite sourire charmeur. Je le trouvais mignon, point final. Un bon coup d'une soirée peut-être, mais rien de plus. S'il réussissais à se glisser deux fois dans mon lit, ce serait presque un miracle, je ne courrais pas longtemps les mêmes proies. « Elle a quoi à m’offrir, la maison ? » Je souriais largement avant de ne lui répondre. « Elle à tout ce que tu désir. » Non mais c'est vrai, j'en avais les poches pleines et s'il n'avait jamais rien tenté, je pouvais parfaitement être l'initiateur du jeunot. Il m'avais l'ai plus jeune que moi, mais il était certainement majeur. Du moins, il devait avoir l'âge de consentement sexuel fixé dans l'état de New-York. Il n'avait tout même pas 16 ans ? Pas vrai... « Bon et sinon, c’est quoi ton nom ? Jack ça te va pas trop sans le masque. On va ou ? » Je continuais à l'entraîner à ma suite pour s'éloigner du lieu où nous avions fait le deal. « On s'enfuit du lieu du crime » Un sourire charmeur aux lèvres alors que je décidais que nous étions suffisamment loin. Je me laissais tomber par terre alors que je m'empressais de sortir une clope et de l'allumer avant d'engager de nouveau la conversation. « Moi c'est Amen. Et toi Zorro, tu me révèle ton identité ? » Je le fixais, toujours ce sourire de tombeur accroché aux lèvres. J'aurais aimé qu'il retire son foutu bandeau, rien que pour que je vois l'entièreté de son visage. Capricieux dites vous ? J'suis pire qu'une petite princesse de l'upper east side.

Du haut de mes dix-huit ans, je n’étais plus vraiment un gamin, du moins, pas autant que je voulais bien le faire croire, au contraire, certaines choses dans ma vie m’avaient faire mûrir plus vite que les autres, mais j’avais alors compris à quel point il était important de s’amuser, de profiter de chaque instant sans la moindre retenue, la vie était trop courte pour être gâchée, du moins, la mienne. Alors je prenais tout avec dérision, comme s’il ne pouvait rien n’y avoir de sérieux, comme si la vie n’était qu’un jeu immense. Mais ce soir, ce mec était mon jeu, je le voulais pour moi tout seul. Jusqu’au bout de la nuit. Il me plaisait bien avec ses grands yeux bleus, ses cheveux rasés et son petit sourire carnassier. Il avait ce truc qui le rendait attirant. Et je savais aussi à son attitude que je lui plaisais aussi. Enfin, il n’allait pas être déçu du voyage. Je lui fis un beau sourire et approchais mon visage du sien, la bouche légèrement entrouverte. « Ce que tu as dans les poches ne m’intéresse pas. Tu saisis ? » Je fis un petit sourire qui n’avait cette fois plus rien d’innocent. Mais je me reculais à nouveau, portant la cigarette à mes lèvres. J’étais assez content de moi. Je le suivis néanmoins sans me poser de questions, je ne risquais rien, absolument rien. Si l’idée lui venait à me violer, il le regretterait amèrement. Et il n’avait pas l’air de vouloir me tuer pour l’instant. Bon, en général ça, ça finissait toujours par arriver, j’abusais toujours. « Tu vas faire quoi du témoin ? » demandais-je en le suivant activement comme si nous mettions réellement les voiles. Et quand il se s’installa par terre, je l’imitais. Quand il prononça son nom, je ne cherchais même pas à refouler mon rire. « Ha Ha Bordel Amen quoi ! Comme Je vous salue José Amen ? ». Je me tenais le ventre parce que je commençais à avoir des crampes. Il allait m’en mettre une bientôt mais ça en valait le coup. Je me redressais un peu, parce que j’avais fini au tas et retrouvais un semblant de sérieux. « Moi c’est Iron Kahn. Mais Iron, ça suffira» Je sais, ça ça claque. Mes parents n’étaient pas nets. Mais pas autant que ceux d’Amen alors à la rigueur…Je lui souris ensuite en coinçant ma cigarette entre mes incisives, la faisant bouger de haut en bas. « Pour mon bandeau, peut-être que tu devrais l’enlever toi-même… »

Notre jeune italienne avait passé sa journée dans les boutiques : à la recherche de la robe parfaite pour le bal masqué de ce soir. Elle n’avait pas encore eu l’occasion de se rendre à un bal masqué depuis son arrivée à NY. D’ailleurs, elle ne savait pas encore qui elle allait croiser là-bas, ça allait être la surprise. Le fait d’aller toute seule ne lui faisait pas peur, elle savait très bien qu’elle allait rencontrer des personnes sur place.
Après la douche, Dallila enfila sa magnifique robe de soirée, se pomponna, prit son sac à main et son masque et sortit rejoindre son taxi. La limousine ça aurait fait un peu trop à son gout, elle voulait éviter afin de ne pas avoir tous les regards sur elle a son arrivée, bien que ça ne lui aurait pas déplut. Sur place, Dallila cacha son visage pour le loup qu’elle avait joliment confectionné, étant styliste, elle avait beaucoup d’idée pour ce genre d’accessoires. Elle entra dans le bal. Il y avait déjà beaucoup de monde, elle s’avança un peu et pu apercevoir de loin Marcus. Même masqué, elle le reconnut. Il est vrai que leur relation du moment était assez bizarre. Dallila était – comment dire – attirer par lui. Elle n’avait pas le droit de ressentir ce genre de sentiment, surtout que c’est le petit – ami de Ondine, il fallait qu’elle se contienne, et qu’elle essai d’oublier ce qu’elle pouvait ressentir pour lui. Ce n’était vraiment pas évident. Elle s’avança vers lui « Monsieur Anderson, quel plaisir. Ondine n’est pas avec toi ? » Dallila se pencha vers lui pour lui déposer une bise sur la joue.

Je fumais ma clope tranquillement, sans me préoccupé de remettre mon masque pour être reconnu comme étant le dealer de la soirée. J'étais en petite pause avec le jeune homme, lui proposant de s'envoler gratuitement. « Ce que tu as dans les poches ne m’intéresse pas. Tu saisis ? » J'arquais un sourcil, joueur, baissant mon regard vers le sol un instant pour mieux l'encrer dans le sien de nouveau. Passant ma langue sur ma lèvre inférieur comme j'en avais l'habitude alors que je lui susurrais doucement un : « Tu changera d'avis une fois que j'aurais déballé le tout. » Il se reculait, portant sa cigarette vers ses lèvres appétissantes. « Tu vas faire quoi du témoin ? » J'avais simplement haussé des épaules avec un sourire de cannibale. Je n'allais lui faire aucun mal. Pas tout de suite du moins. Puis il me demandait mon prénom, sa réaction me laisse perplexe : « Ha Ha Bordel Amen quoi ! Comme Je vous salue José Amen ? » Il rigolait à s'en donner mal au ventre tandis que je le regardais, fronçant mes sourcils. Heureusement que je ne lui avais pas dit m'être autrefois appelé Amonherkhépeshef Ihy Néfer Al-Misrî. Il serait probablement mort étouffé avec sa langue. « Moi c’est Iron Kahn. Mais Iron, ça suffira» Je rigolais doucement tout en recrachant ma fumée. Il s’appelait Iron et il se marrait de mon prénom ? Il avait du cran quand même. « T'es Iron man et tu trouve mon prénom marrant ? En fait c'est Amenhotep, j'suis égyptien. C'est quoi ton excuse toi ? » Je continuais tranquillement à avaler ma nicotine, lui passant le commentaire qu'il devrait enlever son bandeau. Il me suggéra de lui enlever moi-même. Il était joueur le petit et ce n'était pas pour me déplaire. Je balançais mon mégot, un sourire sanguinaire aux lèvres alors que je m'approchais de lui. Mes doigts s'engouffrant dans se cheveux pour aller dénouer son ''masque'' que je retirais doucement. Fuck. J'allais définitivement me le taper dans un buisson. « T'as quel âge au fait ? » M'enquis-je soudainement, sans pour autant ne me reculer de lui.

Les dix minutes étaient presque écoulées. Je commençais à rebrousser chemin vers la sortie, lorsque je rencontrai Dallila. Elle était magnifique, mais je me sentais encore plus mal : Dallila avait toujours eu un air de ressemblance frappant avec Ondine. Elles n'auraient peut-être pas pu passer pour des jumelles, mais des soeurs, ça aurait été fortement possible. Elle et moi avions toujours eu une relation amicale ; tendre même. Elle était l'une de mes meilleures amies ; et étant l'une de celles d'Ondine, encore une fois, c'était ma brune qui faisait le lien entre moi et le monde extérieur. « Monsieur Anderson, quel plaisir. Ondine n’est pas avec toi ? », demanda Dallila après m'avoir fait la bise. Je me crispai, et je ne doutais pas qu'elle s'en soit rendue compte même avec mon masque. « Nan... On... On est plus ensemble », murmurai-je tristement. Et voilà comment plomber une soirée.

Afin de dissiper la gêne qui se tapait l'incruste dans ma tête, je proposai mon bras à la belle italienne. « J'allais partir mais... Tu veux danser ? Enfin, je veux dire, si t'es toute seule, je vais pas te laisser », dis-je embarrassé. Je n'avais pas l'habitude d'être un jeune et beau célibataire face à une jeune et belle célibataire qui ne soit pas Ondine. Ca me faisait tout drôle. Non, ça me foutait carrément les boules.

« Wow.. Look this girl ! »
« Which one ? »
« The one who looks like the chick from "Twilight" »
« What's Twilight ? »
« You're so better off not knowing... »

Éden fût surpris de voir autant de monde présent à l’évènement. Lui qui pensait cette soirée aussi dépourvu d’intérêt que la Bar Mitzvah du fils du maire adjoint devait avouer que sur ce coup, il s’était trompé. Il reconnaissait même quelques personnes. Des membres du conseil d’administration de l’entreprise familiale Whitfield, des "fils et filles de", même un responsable de l’hôpital qu’Éden prit la précaution d’éviter le regard. D’ailleurs, il serait temps pour lui de remettre de l’ordre dans sa situation professionnelle s’il souhaite poursuivre dans cette voie. Mais en a-t-il envie ? Pas sûr. Serena l’incita à donner des noms. Manœuvre pour tester le jeune homme ou simple curiosité ? « Non, tu ne veux pas savoir... » D’un sourire poli il mit fin à ses espérances. Elle avait beau insister, user de tous ses charmes, Éden resta incorruptible. C’était trop risqué. Parler de ses exploits passés risquerait bien de le griller définitivement aux yeux de la belle italienne. Mais en même temps, Serena n’était pas ce genre de filles à s'offusquer devant des confessions nocturnes. Enfin, c'est ce qu'il pense « Okay.. Tu vois la blonde là-bas, à côté du petit à moitié chauve ? » Collé à elle, il lui montra discrètement aux abords d’un stand une femme d’une quarantaine d’années plongée dans une discussion avec des hommes beaucoup plus âgés qu’elle. Elle était blonde, avait des lèvres grossièrement pulpeuses, aussi fausses que sa poitrine. « Gloria Berkshire. Elle me connait depuis que j’ai 10 ans, environ. Son mari travaille souvent avec mon père ce qui fait que je la voyais souvent à la maison ou au bureau. C’est un peu elle qui a fait mon éducation sexuelle entre 14 et 15 ans. C’est glauque, je te l’accorde... Je l’ai recroisé en rendant visite à mon père pendant ma "période noire", et on a remis ça. C’était bizarre. Et pas mémorable. Les vieilles, c’est définitivement plus ma tasse de thé » Au même moment, Gloria et son époux se tournèrent vers lui et le reconnurent. Éden leur fit un signe de la main accompagné d’un large sourire hypocrite. Il poursuivit en montrant une autre blonde, de son âge cette fois, dansant sur la piste avec un homme. « Elle c’est Cindy... Je crois. Je me la suis tapé en même temps que sa cousine. Une fille destinée à être une héritière qui ne bossera jamais de sa vie... La Paris Hilton de New York» Il se retourna vers Serena, souriant avec insouciance et dédain, scrutant une réaction. C’était un bon test pour savoir les sujets qu’il pouvait aborder avec elle et ceux qu’il valait mieux ignorer. Visiblement conscient qu’il passait pour le plus gros queutard de Manhattan, il se reprit « C’est vieux tout ça. Je suis quelqu’un de fidèle et sérieux quand je suis en couple... Aussi quand je ne le suis pas. Ce que je veux dire c’est que je suis fidèle et sérieux en général. Je n’étais pas vraiment "moi-même" pendant cette période. Enfin, tu le sais ça » Se sentant sombrer dans ses explications, Éden coupa court à la discussion en attrapant deux coupes de champagnes sur le plateau d’un serveur qui passa juste à côté d’eux. Il trinqua avec elle et dévisagea de nouveau les personnes qui étaient rassemblées en masse devant eux. Il n’avait toujours pas sortit son masque, qui se trouvait dans la poche intérieur de sa veste, et voir Serena retirer le sien ne l’incita pas à le sortir. Après l’avoir encouragé à parler de ses conquêtes, voilà qu’elle l’encourageait à aller draguer « N’y pense même pas. Tu m’as fait venir ici, tu vas rester avec moi toute la soirée jusqu’à ce que je te raccompagne chez toi. Désolé si t’avais d’autres plans... » Sa façon à lui, brusque et peu délicate, à l’image de tous leurs dialogues, de lui dire qu’il n’y a qu’elle qui compte ce soir. Il termina d’une traite sa coupe, prit celle de Serena, même si elle n’était pas complètement vide, qu'il posa sur une table. Il tendit la main vers elle avec assurance et lui proposa armé de son irrésistible sourire « Voyons voir si le charme de Versace s’opère sur toi. Tu m’accordes une danse ? »

Dallila n’avait pas eu de nouvelle d’Ondine depuis un petit moment. A vrai dire, depuis le retour d’Andréa. A croire que cette petite peste a tout gagner, son mari et maintenant l’un de ses meilleures amies. Dallila pourrait en vouloir a Ondine, c’est vrai qu’elle jamais prit de gant avec elle pour lui dire les choses clairement concernant la relation actuelle qu’elle a avec Andrea. Ondine n’a jamais caché que c’était Andrea sa préfèré. Mais passons, notre jeune italienne n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien à quoi s’attendre maintenant avec ses amies. Elle a tendance à ne plus faire confiance, à faire attention aux personnes qu’elle fréquente. Dallila n’a jamais eu un fond méchant, mais avec toutes les crasses qu’on lui a faites ça risque d’arrivée un jour ou l’autre. Dallila était ravi de croiser Marcus, il tombait bien d’ailleurs. C’était l’un des hommes qu’elle espérait vraiment voir ce soir. Ils n’avaient pas eu l’occasion de se parler en ce moment, étant le petit ami d’Ondine du moins l’ex, ce n’était pas évident pour Dallila de prendre de ses nouvelles. Quand Marcus lui annonça qu’il était célibataire, Dalli n’en revenait pas. Marcus célibataire, elle ne savait vraiment pas quoi lui dire, mise à part « Je … je suis désolé » elle ne comprenait vraiment pas ce qu’il a bien pu se passer entre les deux. Ils semblaient tellement amoureux. Marcus prit Dallila par le bras pour l’emmener dansé, elle ne refusa pas, une petite danse allait leur permettre de parler un peu de tout ça. Elle posa ses bras autours de son coup et se rapprocha au plus près de lui. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Vous étiez bien ensemble, pas vrai ? » Raison de plus pour en vouloir à Ondine, elle ne l’avait même pas mise au courant de leur rupture. Bref, Dallila n’allait vraiment pas s’en faire avec ça ce soir, elle avait besoin de prendre du bon temps et de s’amuser un peu.

Je gardais le silence pendant quelques pas lorsque la question tomba, fatidique. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Vous étiez bien ensemble, pas vrai ? » Ca devait être la dixième fois qu'on me posait cette question. Blaise, Raleigh, Pippa, tout le monde. Et je me l'étais posée à moi-même un million de fois. Pourquoi ? Pourquoi ? J'eus un sourire triste. « Je ne sais pas. Dans l'avion, on s'est disputé et sitôt rentrés à New York... Je ne sais pas si Ondine te l'as dit mais elle m'a épousée pendant le voyage. », murmurai-je, plus pour moi-même que pour elle. J'avais du mal à comprendre ce qu'il avait pu se passer ces dernières semaines.

Nous étions bien ; et puis paf. « On a divorcé sitôt qu'on a posé le pied à New York. Enfin, elle, elle parle d'une simple annulation de mariage. Mais pour moi, c'est un divorce, ni plus ni moins», soupirai-je. Je souris quand même à Dalli. J'étais content de la voir, elle était une présence réconfortante. « Tu n'es plus la seule divorcée, petite italienne », dis-je en souriant, taquin. Je me surprenais à prendre plaisir à cette danse, à l'avoir dans mes bras. Elle était différente d'Ondine ; certes elles se ressemblaient, mais Dallila avait une force de caractère bien plus sauvage que ma brune. Du moins mon ex-brune. Je n'avais plus envie de rentrer, plus envie que ce bal débile se termine.

La voir avec un autre, ça avait été dur pour Xavier en revanche, la voir danser avec un autre sur cette musique précisément, c’était un peu comme une hérésie à ses yeux. Ça aurait été comme gâcher l’ensemble de leurs souvenirs heureux et piétiner ce qu’ils avaient de plus beau. C’est la raison pour laquelle il n’avait pas plus hésité à dégager Carlos. Il se doutait bien qu’au final ce mec n’y pouvait rien, qu’il avait probablement été séduit par Candice comme lui-même l’avait été des années plus tôt et il se doutait bien que cette danse avait été l’idée de Candice, mais il était plus facile d’être en colère contre Carlos que contre Candice, même si au fond, il bouillait. Il lui en voulait pour sa façon d’agir et ses réactions, mais cela attendrait. Il voulait juste se laisser porter au son de la musique et laisser son corps se mouvoir en parfaite harmonie avec Candice. Ni l’un ni l’autre n’avait oublié leurs pas et des années après, ils formaient encore ce duo indissociable. Et malgré la colère qu’il éprouvait contre elle, il ne pouvait qu’apprécier cet instant entre eux. Car ils étaient seuls au monde. Juste lui, Xavier et Candice. C’est donc tout naturellement qu’il l’avait embrassé à la fin de la danse. Parce qu’il en avait eu envie. D’autres pensées lui firent tourner la tête, mais il l’avait voulu. Peut-importe la réaction de la belle. Il se recula enfin d’elle, la fixant de son regard bleu acier derrière son masque blanc. Il attendait sa réponse. Elle avait toutes les cartes en main. Il ne pouvait pas faire davantage.

Il n’eut pas de réelle réaction quand elle se dirigea d’abord vers Carlos mais ressentit un vif soulagement quand elle lui prit la main pour l’entrainer à l’écart. Et cela signifiait qu’elle voulait lui parler. Si elle avait voulu le frapper, elle l’aurait fait devant son public. Pas en privé. Il la suivi avec un petit sourire au coin des lèvres. Elle semblait avoir gagné la partie, il se sentit pourtant victorieux. Mais pas encore autant qu’il le souhaitait. Quand ils furent à l’écart, il s’assit sur un muret en croisant les bras devant sa poitrine. A sa question, il la regarda droit dans les yeux, sans la moindre pudeur. « D’après toi, qu’est-ce que ça peut signifier ? » Son ton était plus froid qu’il ne l’aurait voulu mais il lui en voulait encore. Il se radoucit cependant. « Je sais que je t’ai fait du mal, mais tu ne m’as plus laissé la moindre chance depuis… » Pas la moindre chance de s’expliquer, de s’excuser, de se faire pardonner ou quoique ce soit d’autre.

La valse débuta lentement, mais sûrement. Je vous avais dit que je connaissais mal les pas, n'est-ce-pas? Après quelques instants, j'étais déjà quelque peu perdu, mais je tentais tant bien que mal de suivre les autres tout autour de nous. Mais je ne pouvais pas les regarder tout le temps, en parti parce que je devais regarder où aller, mais surtout parce que mon regard ne pouvait pas quitter le doux visage d'Heaven. Il avait quelque chose de magnétique, d'attirant et surtout, de parfait. Il était la tentation, l'envie d'approcher mes lèvres des siennes et de l'embrasser à l'infini. Dans la lumière des lampadaires et dans la brume de la nuit, sa beauté était mystifiante. Je ne pouvais pas empêcher mon coeur de vibrer rien que pour elle.


« Bon, j’avoue, je ne sais pas danser… » fit-elle après quelques instants. Même le fait qu'elle soit maladroite la rendait plus que charmante. « Et moi, je t'avoue que je ne sais pas non plus les pas. » lui dis-je avec un clin d'oeil et je tentai de la faire tournoyer sur elle-même avant de me coller à elle. La musique ralentissait, comprenant mon besoin de l'avoir contre moi. Nos corps se collèrent l'un à l'autre. « Par contre je sais très bien me casser la figure en essayant de le faire… » me dit-elle. « Cela n'arrivera pas. » et j'approchai mon visage du sien pour venir l'embrasser, lentement telle une caresse, puis je me laissai guider par elle si elle voulait plus ou moins.

Je ne comprenais pas très bien pourquoi la jeune femme était venue seule à cette soirée parce qu’au vu de son talent de danseuse indéniable, les hommes auraient dû se jeter à ses pieds pour avoir l’honneur d’être son cavalier – et puis surtout, on ne pouvait pas dire qu’elle était repoussante (sauf si le masque qu’elle portait cachait d’horribles cicatrices immondes qui la faisaient ressembler à Quasimodo, mais cela m’étonnerait tout de même beaucoup). M’enfin, je n’allais pas me plaindre de cette situation car c’était donc à présent moi qui avait l’honneur de l’accompagner sur la piste de danse et je devais bien avouer que j’en étais enchanté. Rare était les personnes avec qui je pouvais danser avec autant d’aisance sans qu’on ne me marche sur les pieds ou que l’on paraisse ridicule aux yeux des autres qui nous regardaient. Le tango se finit alors et nous nous arrêtâmes de virevolter sur la piste, terminant avec grâce dans une position finale.

- Vous êtes douée, lui fis-je remarquer avec un petit sourire. Très douée. Je crois bien que je vais vous emprunter tout au long de la soirée pour diverses danses, si cela ne vous pose aucun problème, bien sûr.

Un mariage, suivit du divorce. Dallila était vachement au courant de la situation. Elle n’avait rien su de tout cela, quel déception. Dallila pensait vraiment faire partie des meilleures amies de Effie, mais visiblement non. Depuis quand on n’en parle pas à ses soit disant amie que l’on s’est marié ? Notre jeune italienne était vraiment outrée. Dallila prit un peu de distance « Vous vous êtes mariés ? » Elle était vraiment choquée de cette nouvelle. Elle aurait voulu fêter ça avec son amie, lui dire que c’est une super nouvelle mais non, elle n’a pas pu. Dallila reprit place au bras de Marcus. Il lui expliqua ensuite qu’elle a annulé le divorce une fois rentré de leur voyage. Dallila connaissait très bien la douleur que l’on pouvait ressentir après cette épreuve. Etre séparé de la personne que l’on aime. Elle prit Marcus dans ses bras et le serra fort « Marcus, je suis vraiment désolé » elle voulait être présente pour lui et le rassurer, lui dire que tout irait bien, que leur couple peut éventuellement perdurer dans l’avenir. Dallila ouvrit les yeux, droit devant elle Ondine. Elle avait vraiment l’air en colère de la voir dans les bras de Marcus « Marcus … Ondine a l’air furax ! » elle prit un peu de distance avec Marcus.

« Marcus, je suis vraiment désolée », s'exclama Dallila, sincère. Je ne savais que penser de tout ça. Ondine me manquait, mais elle avait voulu divorcer. C'était elle qui avait décidé de rompre, de mettre fin à notre couple. En y repensant, le mariage à Las Vegas était tellement débile comme idée que ça me donnait envie de vomir. C'était comme si une part de moi, si infime soit-elle, avait toujours su que quelque chose comme un divorce allait arriver. « Tu... Tu n'y es pour rien. Ca me soulage de te voir, parce que toi tu me comprends », soupirai-je. Il y eut un silence, pendant lequel nous continuâmes à danser ensemble. Je me forçai à ne pas fouiller la foule de couples des yeux. Je n'avais plus envie de la voir. Je n'avais plus envie d'entendre parler de cette histoire. J'avais juste envie qu'on arrête d'en parler, de me demander pourquoi. Tout était fini, elle l'avait dit elle-même. Fini.

Je serrai Dallila contre moi. Je ne savais pas exactement à quoi je jouais. Ou plutôt à quoi nous jouions. Peut-être qu'il n'y avait même pas de jeu. Je me contentais juste de la serrer contre moi, parce qu'en cet instant, elle était là pour moi. C'était tout ce qui importait non ? Soudain, Dallila se crispa. « Marcus … Ondine a l’air furax ! », s'exclama-t-elle, l'air terrifié. Je fis volte-face et rencontrai le regard d'Ondine. Il était dur et j'y lisais des étincelles de rage et d'humiliation. Elle était cramponnée à Effie (encore elle). J'avais eu raison d'éviter de la croiser, celle-là. Dallila prit un peu de distance. « Je me fiche bien de ce qu'elle pense », marmonnai-je, agacé. J'en avais marre de devoir faire avec les volontés de tout le monde. Elle avait voulu briser notre couple, très bien, on n'avait donc plus rien à nous dire. Et Dallila n'était qu'une amie - du moins je ne savais plus très bien où nous en étions. J'arrêtai tout bonnement de danser. « Laisse tomber, j'en ai marre, je me tire », persiflai-je. Je tendis la main à Dallila. « Tu viens ? », lui demandai-je.

Divorcé elle aussi, elle n’avait pas trop de mal à le comprendre. Son divorce avait était dure pour elle, encore aujourd’hui elle y pense beaucoup. Ils avaient eu un si beau mariage, une si belle cérémonie. Malgré tout, c’est un jour que Dallila n’oubliera pas, mais, elle n’oubliera pas non plus le jour où son mari la trompé.
Dallila se serra fort contre Marcus. Quand elle est dans ses bras rien n'est pareil. Elle se sentait en sécurité, chose qu’elle n’a pas ressentie depuis un petit moment. Marcus n’est qu’un ami et aussi l’ex – mari de sa meilleure amie, elle ne pouvait pas imaginer quelque chose de plus profond avec lui, du moins pas pour le moment.
Quand Dalli croisa le regard glacial d’Ondine, elle s’éloigna un peu de Marcus. Ondine ne pouvait pas croire qu’entre les deux ils pouvaient éventuellement se passé quelque chose. Ce n’était pas possible. Quand Marcus vu ça, il prit la fuite directement, il ne voulait vraiment pas entrer dans une conversation avec son ex-femme, chose que Dallila comprenait. Marcus lui tendit la main afin qu’elle parte avec lui. Dallila le regarda avec beaucoup d’hésitation et partit tout de même avec lui. Elle non plus voulait pas aborder la conversation avec Ondine.

Enfin, j'arrivais au bal masqué. J'étais en retard comme toujours. J'avais aussi, oublié. C'était toujours pareil. Je m'étais forcée à porter une robe, des talons et tout ce qui suit. J'avais l'impression de ressembler à une poupée qui fait peur. J'y allais seule, histoire de pouvoir espionner chaque moindre fait et geste dans les couples. Je voulais faire ma petite fouine. Mon entrée ne fût pas vraiment remarquée, et c'était mieux comme ça. Je reconnaissais quelques visages malgré leur masque, mais celui qui m'attirait le plus était un jeune homme qui était au bar. C'était Carlos. Je le devinais avec sa carrure d'homme fort et puissant et aussi grâce à sa tignasse de cheveux bouclés. Je souris. Innocente, je ne savais pas ce qu'il venait de se passer et ce fut d'un pas joyeux que je vins à sa rencontre. J'appuyai mon dos contre le comptoir pour le regarder. « C'est cool de se saouler au champagne, mais c'est encore mieux à deux. » lui dis-je d'une voix calme et amusée. Je pivotai pour attraper à mon tour une coupe remplie de liquide pétillant. Il ne fallait jamais donner du champagne à Blaise, c'était bien la dernière chose qu'on pouvait lui donner. Je n'avais aucune excuse, ça faisait longtemps que je ne l'avais plus vu et s'il avait l'envie soudaine de m'engueuler, je respecterai. J'avais beau lui offrir mon sourire le plus rassurant, il ne semblait pas trop réagir. Qu'est-ce qu'il avait? « Carlos? » Je fronçai les sourcils. Est-ce qu'il m'entendait au moins? Il ne manquerait plus que ça.